Qu'est-ce que la Sounna ?
Au Nom de Dieu le Miséricordieux, le Clément.
Que la prière et la paix soient pour toujours sur notre maître Muhammad.
Gloire et louange à Dieu, qui a manifesté les mondes par le souffle de Sa miséricorde, inscrivant dans leur structure les lois parfaites qui conviennent à Sa volonté, Lui qui est le Tout-Puissant, le Savant et le Sage.
Gloire et louange à Dieu, qui a façonné l’Homme de Ses propres mains, dans la forme qu’Il a voulue, l’honorant ainsi plus que tout autre créature, et le dotant de la stature la plus noble et la plus élevée, autour de laquelle gravite un univers parfaitement orchestré.
Gloire et louange à Dieu, qui a répandu sur les fils d’Adam Ses innombrables bienfaits et leur a révélé la Religion, gardienne du paradis sublime contenu dans la nature de leur création.
Les grâces de Dieu envers Ses créatures ne connaissent pas de fin, et bien qu’elles soient innombrables, toutes ont été infusées dans la Religion qu’Il a révélée. Il a dit : « Aujourd’hui, J'ai rendu parfaite votre Religion, J'ai parachevé Ma grâce sur vous et J'ai agréé l'Islam pour être votre Religion » [S5V3].
Ainsi, Dieu a associé Sa grâce à la Religion, et Il a fait de l’obéissance à Son ordre la source de toute réjouissance, de toute paix, de toute stabilité, de toute réussite et de tout bonheur, tandis que toute angoisse, tout désordre, toute instabilité, tout échec et tout malheur proviennent de la désobéissance à Son ordre et du détachement de la Religion de Dieu.
Cette Religion venue de Dieu préserve la nature originelle de l’Homme, une nature sublime dans laquelle fut créé notre père Adam. Cette Religion est le guide complet et absolu de l’être humain et de l’univers tout entier. Cette Religion est la Voie qui mène au Maître de toutes les grâces, jusqu’à la station de Sa proximité. Cette Religion, établie par Sa Révélation, préservée par Sa Parole et codifiée dans Son Livre Généreux, rassemble en elle toutes les sciences et toutes les lois qui structurent les mondes, en effet, « Nous n’avons rien omis dans le Livre » [S6V38].
Ce « Livre » de Dieu est le Coran, une miséricorde insondable, un bienfait incommensurable. C’est la Parole de Dieu, indissociable de Ses Noms et de Ses Attributs, unie à Sa Très Haute Perfection, à Sa Sagesse Bienveillante, à Sa Science Absolue, à Sa Beauté Suprême, à Sa Miséricorde Inconditionnelle.
C’est le Livre du Miséricordieux, dont chacun des versets révèle les secrets de l’existence, dont chacun des mots porte la science complète de ce qu’il évoque, dont chacune des lettres nous instruit sur des pans entiers de l’univers, et nous apprend à connaître l’Auteur Sublime de ce Livre Sublime.
Ce Coran, c’est la Vérité, manifestée, expliquée, enseignée par Amour divin. C’est la Science de toute chose, c’est la Guidance Infaillible, c’est la Justice Pure. C’est le Message que Dieu adresse aux mondes.
Dans Sa Sagesse, Dieu a voulu que Son Message parvienne à Sa Création par le biais d’un Messager. Il a confié Sa Parole à un dépôt infaillible, un médiateur doté d’une limpidité absolue et d’une pureté suprême, capable d’accueillir parfaitement Sa Révélation, de la comprendre et de la transmettre. Ainsi, Il a élu Sa plus noble créature pour accomplir Sa plus noble mission, et Il a complété la Religion par la main de cet élu, choisi parmi les Hommes : le maître des premiers et des derniers, l’envoyé de Dieu et Son Messager : le Prophète Muhammad ﷺ.
Le Prophète a accueilli la Lumière de la Révélation avec tout son être, faisant de chaque verset, de chaque mot et de chaque lettre révélée une part de lui-même, jusqu’à ce que la Révélation soit complétée, que la Religion soit accomplie et que l’ensemble des grâces fût distribué. Il s’est aligné totalement et sans faillir avec le Coran, au point qu’il n’en fut pas seulement le dépositaire, mais il en devint le Message incarné. Son être tout entier – ses gestes, ses paroles, ses silences, sa prière, ses œuvres, ses états intérieurs, ses regards, ses émotions, sa marche, jusqu’à sa respiration – reflétait l’essence du Coran. « En effet, vous avez dans le Messager de Dieu un excellent modèle [à suivre], pour quiconque espère en Dieu et au Jour dernier et invoque Dieu fréquemment » [S33V21]. Jamais le Prophète et le Coran ne se contredisent ni ne divergent, intérieurement comme extérieurement.
C’est en comprenant cela, que nous comprenons la parole de la mère des croyants, la femme du Messager et la fille du bien-aimé Abû-Bakr, notre mère ‘Aïsha qui, interrogée sur le comportement du Prophète, répondit : « Il était comme un Coran qui marche ». Et de celle du maître des sages, Ibn ‘Arabi, qui a dit : « Le Prophète et le Coran sont frères ».
Ainsi, Dieu fit de Muhammad Son médiateur, placé entre Lui et les mondes, pour transmettre la Révélation, établir la Religion et dispenser la totalité de Ses grâces. Comme est élevé le rang de notre Prophète auprès de Dieu ! Comme est infaillible ce soutien auprès duquel les croyants cherchent secours ! Comme est généreuse cette coupe à laquelle les croyants s’abreuvent !
Ô Seigneur, envoie Tes prières, Tes bénédictions et accorde la plus grande paix à notre maître Muhammad et à sa famille, par des prières qui Te conviennent, innombrables et irréversibles.
La Grâce de Dieu s’est étendue sur nous, et la miséricorde de Son Élu nous a recouvert. « Nous ne t'avons envoyé que comme une miséricorde pour les mondes » [S21V107]. Sous l’égide de cette miséricorde, les paroles, les actions, les conduites, les comportements, les approbations ou interdictions du Messager de Dieu ﷺ ont été consignées et transmises, générations après générations, jusqu’à nous parvenir après quatorze siècles. Tous ses comportements forment la « Sounna » de l’Envoyé de Dieu, ce qui se traduit par sa tradition ou sa voie.
Malheureusement, à notre époque troublée, le faux prédomine dans les cœurs, et la Religion qui est l’ultime et seul rempart de la Vérité est attaquée de toutes parts. Ses assaillants ont pris le contrôle des institutions et l’assiègent dans tous les domaines. Pourtant, les plus grands adversaires de la Religion ne sont pas ceux qui lui sont ouvertement hostiles, mais bien ceux qui, de l’intérieur, la trahissent et la corrompent. À leur tête sont les prédicateurs et les savants de l’Islam qui se détournent de la Voie divine pour s’adresser aux musulmans avec leurs désirs, leurs passions, leur ostentation, leur arrogance et leur amour du rang. Et le Prophète ﷺ a averti contre les « […] prédicateurs aux portes de l’enfer, quiconque leur répondra sera précipité en enfer […] ».
Parmi toutes les attaques menées contre la Religion, les plus insidieuses ont ciblé la Sounna du Prophète ﷺ, et ce dès les premiers siècles. Aujourd’hui, la Sounna du Prophète ﷺ n’est plus considérée à sa juste valeur. Les déviances ont conduit les musulmans à s’en éloigner : certains la rejettent partiellement ou totalement, d’autres la rabaissent et la relèguent, tandis que d’autres encore s’y accrochent de manière purement littérale, s’attachant à son apparence plutôt qu’à son essence. Et ces derniers crient à l’innovation (bid’a) blâmable pour tout ce qui échappe à leur interprétation étroite.
Certes, celui qui vend sa Religion pour ce bas-monde a vraiment fait le pire des échanges.
Nos jeunes générations sont particulièrement touchées par ces déviances. Face à ces troubles qui affligent notre communauté, il nous paraît essentiel de revenir à la Religion afin de rappeler le sens et l’importance de la Sounna.
Que Dieu nous aide à faire partie de ceux qui comprennent véritablement la Sounna, l’appliquent et l’enseignent aux nouvelles générations, et que Dieu nous préserve et protège la communauté du Prophète ﷺ de toute innovation néfaste.
Qu’est-ce que la Sounna ?
Étymologiquement le terme Sounna désigne la voie ou la manière. Sa racine est associée au concept de prescrire ou de définir un chemin. La signification générale de la Sounna est la tradition, la coutume, la manière d’agir qui mène à un but, on la traduit aussi par la norme ou la loi.
En Islam, le terme « Sounna » est habituellement utilisé pour définir les paroles, les actions et les approbations du Prophète Muhammad ﷺ. Bien sûr, la notion de « Sounna » ne s’arrête pas là, et il existe plusieurs « sounan » (pluriel de sounna) :
La Sounna de Dieu :
La première Sounna est celle de Dieu, le Très-Haut, le Sublime. Dieu dit : « […] Ne considèrent-ils donc que la coutume de leurs ancêtres ? Or, dans la loi de Dieu (sounnati-Allah) tu ne trouves pas de changement, et dans la loi de Dieu (sounnati-Allah) tu ne trouves pas de déviation » [S35V43]. Il dit aussi : « Telle est la loi de Dieu (sounnat-Allah), qui était déjà en vigueur auparavant. Tu ne trouveras dans la loi de Dieu aucun changement » [S48V23].
La Sounna de Dieu est Sa Loi intransgressible et immuable qui ordonne l’univers. Il s’agit de la norme que Dieu a infusée dans chaque créature, régissant son ordre, son rôle, et ses caractéristiques. « C'est Lui qui a créé sept cieux superposés. Tu ne verras aucune dysharmonie dans la création du Tout Miséricordieux. Lève les yeux : vois-tu une fissure ? » [S67V3]. Mais aussi : « Il a créé l’Homme, Il lui a appris à s’exprimer. Le soleil et la lune [évoluent] selon un compte précis. Les herbes et les arbres se prosternent. Et le ciel, Il l’a élevé bien haut, et Il a établi la balance » [S55V3 à 7].
La Sounna de Dieu régit aussi les relations entre les actions et leurs effets. Par exemple : « J'ai dit : "Implorez le pardon de votre Seigneur, car Il est Celui qui pardonne généreusement. Il vous fera descendre du ciel une pluie abondante ; Il vous assistera par des richesses et des enfants ; Il vous donnera des jardins et vous donnera des rivières » [S71V10 à 12]. Quelle est la relation entre la demande de pardon et la venue de pluies bénies, de richesses et d’enfants vertueux, ainsi que l’acquisition de jardins fertiles et de rivières ? Demander pardon au Seigneur apporte tous ces bienfaits, c’est ce que Dieu a ordonné dans Sa Loi, telle est la Sounna de Dieu, Celui qui pardonne généreusement.
La Sounna de Dieu pour les Hommes est la fitra (leur nature créée, originelle et saine), Il dit : « Dirige tout ton être vers la Religion exclusivement [pour Allah], telle est la fitra (nature) qu'Allah a originellement donnée aux hommes. Il n’y a pas de changement dans la création d’Allah. Voilà la religion droite. Mais la plupart des gens ne savent pas » [S30V30]. La fitra désigne l’état dans lequel notre père Adam, que la paix soit sur lui, fut créé. Il s’agit aussi du saint état dans lequel chaque Homme naît, comme l’a dit le Prophète ﷺ : « Tout être humain naît selon la fitra et ce sont ses parents qui en font un juif, un chrétien ou un adorateur du feu ». La fitra est l’inclination pure et complète de l’Homme vers la religion de Dieu. C’est le degré le plus élevé de l’adoration, et la stature la plus noble de l’être humain : « Certes, Nous avons créé l'homme dans la plus belle stature » [S95V4&5].
Et la Sounna de Dieu pour l’environnement de l’Homme est le paradis : non seulement un paradis terrestre, mais aussi un paradis intérieur. En effet, Dieu a accueilli Son vicaire (khâlifa), Adam, que la paix soit sur lui, dans un paradis : « Et Nous dîmes : Ô Adam, toi et ta femme, entrez au paradis, et mangez-en à votre volonté où vous voulez » [S7V19]. Ce paradis n’est pas identique au monde que nous connaissons aujourd’hui : « Ici tu ne connais ni la faim, ni la nudité ; tu ne souffres ni de la soif, ni de l’ardeur du soleil » [S20V118&119]. Ainsi, ce paradis terrestre - qui n’est pas le paradis ultime - est la norme voulue par Dieu pour l’environnement de l’Homme en état de fitra. Or, la Sounna divine est immuable, par conséquent si l’humanité toute entière se dirigeait exclusivement vers la Religion de Dieu, elle connaîtrait un paradis similaire à celui de notre père Adam.
Lié au paradis extérieur, il existe un paradis intérieur qui est inhérent à la fitra de l’Homme et qui contient toutes les grâces auxquelles Dieu appelle Ses serviteurs. C’est « le paradis de la connaissance » qui jaillit chez l’individu lorsqu’il entre dans la présence du Seigneur des mondes : « Retourne vers ton Seigneur, agréante et agréée ; entre donc parmi Mes serviteurs, et entre dans Mon Paradis » [S89V28&29&30].
Tous les bienfaits contenus dans la fitra et toutes ses caractéristiques font partie de ce que Dieu a décrété dans Sa Sounna pour l’Homme. C’est un sujet immense sur lequel de nombreuses choses sont à dire, et si l’on désire connaître la Sounna de Dieu pour l’Homme, il nous faut observer l’état dans lequel Il a créé notre père Adam…
Par exemple, Dieu, gloire et louange à Lui, a enseigné à notre père Adam tous les Noms. Il dit « Il apprit à Adam le nom de tous les êtres » [S2V31]. Ces Noms « se réfèrent au nommé en général, […] et ils dénotent l’origine de la créature nommée, de quoi elle est faite et son usage. Par exemple à quoi sert la pioche ? Comment le forgeron l’a-t-il fabriquée ? Ainsi, par la simple audition du nom de la pioche, ces sciences et connaissances qui y ont trait sont connues. Il en est ainsi de chaque créature. […] Adam connaît à travers son nom ces trois choses : son origine, son utilité et la manière dont elle est ordonnée », ainsi que l’a dit le shaykh ‘Abd al-Aziz Dabbagh.
Cette science des Noms parvint à Adam de manière spontanée, sans qu’il ait eu besoin de les apprendre. Dieu a déversé en son vicaire les sciences de toutes choses, car, par la pureté de sa fitra, il constituait le réceptacle propice pour recevoir ces Noms. Dieu n’a pas dit qu’Adam était le seul à en bénéficier, car cette science n’est pas propre au Prophète Adam, que la paix soit sur lui. Il s’agit d’une caractéristique adamique qui s’étend à tout être humain, dès lors qu’il retrouve sa fitra en s’orientant exclusivement vers Dieu. Par la grâce du Miséricordieux, ceux qui agissent ainsi verront les sciences divines se déverser en eux. La Sounna de Dieu ne change jamais : la fitra demeure telle qu’elle a toujours été, et les bienfaits qu’elle recèle restent tels qu’ils ont toujours été.
L’être humain qui retrouve sa fitra connaît un état semblable à celui de notre père Adam, que la paix soit sur lui, selon la mesure, les ressources et les capacités avec lesquelles il se tourne vers Dieu et Sa Religion. Plus l’homme consacre son être, ses membres et ses sens à Dieu, plus il progresse vers sa fitra. Les maîtres inégalés de cet art sont les Prophètes et les Messagers, dont l’Imam, le maître et le sceau est le Prophète Muhammad ﷺ.
Cependant, si la fitra est l’orientation exclusive et totale de tout notre être vers la Religion de Dieu, alors tout ce qui détourne de Dieu et de Sa Religion en fait sortir. Pour notre père Adam, que la paix soit sur lui, la recommandation de Dieu se résumait à deux ordres : « Mais ne vous approchez pas de cet arbre, sinon vous seriez du nombre des injustes » [S7V19] et « Nous dîmes alors : " O Adam, celui-ci est un ennemi pour toi et pour ton épouse. Qu'il ne vous chasse pas tous les deux du Jardin, car tu serais malheureux " » [S20V117]. La Loi donnée à notre père Adam consistait uniquement à ne pas s’approcher de l’arbre interdit par Dieu et à se méfier de satan, l’ennemi de l’humanité, dont l’action ne vise qu’au malheur des hommes. Or, lorsque Adam, que la paix soit sur lui, commit l’erreur qui lui était prédestinée, Dieu lui dit : « […] Ne vous avais-je pas défendu cet arbre ? Ne vous avais-je pas dit que Satan est pour vous un ennemi déclaré ? » [S7V22]. En se détournant de l’obéissance à Dieu, il se détourna de sa fitra, chuta hors de l’honneur qui lui avait été accordé et ne mérita plus le paradis terrestre que Dieu lui avait prescrit : « Nous dîmes : " Descendez, ennemis les uns des autres ! Il y aura pour vous, sur la terre, un lieu de séjour et de jouissance temporaire " » [S2V36].
Et si Dieu n’a donné que deux ordres à notre père Adam, c’est parce qu’il était parfaitement sain et n’avait pas besoin de davantage de recommandations pour demeurer dans l’adoration complète de Dieu avec tout son être. Les prescriptions divines n’avaient pour seul but que de préserver la fitra de notre père Adam, en lui interdisant les actions susceptibles de le faire chuter de son état, c’est-à-dire celles qui l’auraient détourné de son dévouement total à Dieu. Comprends bien cela. Telle est la nature de l’Homme honoré par Dieu, telle est la stature élevée dans laquelle nous avons été créés, telle est la fitra dont le Très-Haut nous a dotés.
Au fil des générations, les chutes se sont répétées, les fautes se sont multipliées et les fils d’Adam ont innové dans le mal. À chaque nouvelle déviance qui éloignait de la fitra, Dieu a envoyé Ses Messagers pour rétablir la justice et ramener les peuples à leur origine : la dévotion totale envers Lui. Notre communauté est la dernière, et elle porte en elle toutes les déviances accumulées par les fils d’Adam. Mais notre Religion est le remède parfait qui rectifie toutes ces perversions : l’Islam apporté par le maître des Envoyés, le Prophète Muhammad ﷺ.
La Sounna prophétique :
Ainsi, nous passons de la Sounna de Dieu, qui est Sa Loi inscrite dans Sa création, à la Sounna de Son Prophète ﷺ, qui est la voie tracée par la meilleure des créatures pour restaurer la condition la plus élevée de l’Homme : la fitra. Autrement dit, la Sounna du Prophète ﷺ consiste à ramener l’être humain à la Sounna de Dieu.
a. L’exemple prophétique :
Nous l’avons précédemment indiqué : la Sounna prophétique englobe les paroles, les décisions et les attitudes du Prophète ﷺ. Plus encore, elle désigne l’ensemble de sa sainte personne, jusqu’à sa manière de marcher, de regarder, de respirer, de craindre ou d’aimer, car il est l’exemple suprême et complet de la réussite, l’éclaireur qui a tracé la Voie lumineuse menant au Seigneur des mondes. Quiconque l’imite et marche sur ses pas avance vers Dieu avec succès, et nul ne peut parvenir à sa destination sans un guide qui en connaît le chemin.
Le croyant cherche donc à s’attacher fermement à la Sounna du Prophète ﷺ afin de connaître, d’embrasser et de suivre le modèle du plus grand connaisseur de Dieu, de Sa Religion et de Sa Sounna.
Dieu dit : « Dis : " Si vous aimez Dieu, suivez-moi, Dieu vous aimera et vous pardonnera vos péchés. Dieu est pardonneur, clément " ». L’amour de Dieu envers Sa créature dépend du degré d’implication avec lequel cette dernière suit le Prophète Muhammad ﷺ. Plus le serviteur imite la créature la plus aimée de Dieu, plus il entre dans l’amour du Créateur. L’inverse est aussi vrai, plus la créature s’éloigne de l’exemple du Prophète ﷺ, plus elle s’éloigne de l’amour de Dieu.
Il en est ainsi car la vie du Prophète ﷺ reflète parfaitement ce qui plaît à Dieu, ce qu’Il agrée, ce qu’Il aime et ce qu’Il demande aux Hommes. Nul n’a connu Dieu, Ses Noms, Ses Attributs et Sa Volonté, aussi profondément que le Prophète Muhammad ﷺ. Nul n’a compris la Sounna de Dieu, la fitra de l’Homme et l’adoration complète envers Lui, avec autant de clarté que le Prophète Muhammad ﷺ. « Les intelligences se rapetissent devant lui, et aucun de nous ne le comprit, ni ceux qui vinrent avant lui, ni ceux qui vinrent après lui » comme l’a dit le maître Ibn Mashish, que Dieu lui fasse miséricorde.
Ainsi, Dieu a cristallisé en Son Prophète tous les comportements les plus nobles, faisant de lui la quintessence du bien. Chaque action du Messager a révélé la forme la plus parfaite d’adoration, montrant un exemple irréprochable pour réconcilier les Hommes avec leur rôle et pour restaurer leur fitra. Quiconque s’attache à lui, lui obéit, le suit et l’imite sera un bienheureux préservé de l’ignorance.
Si tous les humains du monde combinaient leur connaissance de Dieu, ils ne surpasseraient pas celle du Prophète Muhammad ﷺ, même si l’assemblée des Prophètes venait à leur prêter assistance. Il est le médiateur entre Dieu et Sa Création et le témoin de la communauté : « Ainsi, Nous avons fait de vous une Communauté du juste milieu pour que vous soyez témoins envers les hommes et pour que le Prophète soit un témoin envers vous » [S2V143]. Quel égarement a donc poussé certaines personnes à croire que l’on peut se passer de la Sounna du Messager pour se contenter du Message ?
Notre maître Muhammad est l’interprète du Coran et nul n’a compris, suivi et obéi au Coran aussi bien que lui. Il est la créature qui « ne prononce rien sous l’effet de la passion » [S53V3]. Dieu nous ordonne « Dis : " Obéissez à Dieu et obéissez à l'Envoyé ! " […] » mais vraiment « […] S'ils font volte-face, l'Envoyé n'aura à répondre que de ce dont il a été chargé, et vous aurez à répondre de ce dont vous avez été chargés. Si vous lui obéissez, vous serez bien dirigés ; il n'incombe à l'Envoyé que de proclamer le Message en toute clarté » [S24V54].
Par Sa Miséricorde, Dieu a infusé Son Autorité intemporelle et prééternelle dans Son Messager : « Quiconque obéit à l’Envoyé obéit à Dieu […] ». Médite sur l’harmonie parfaite entre la vie du Prophète ﷺ et l’agrément divin, au point que Dieu l’a établi comme le représentant de Sa volonté et le reflet de Son Agrément. Jamais le Prophète et le Coran ne se contredisent, ni ne divergent. Comprends alors, que lorsque l’homme ignore l’appel du Prophète Muhammad, c’est l’appel de Dieu Lui-même qu’il ignore « […] Quant à ceux qui se détournent, Nous ne t'avons pas envoyé vers eux comme gardien. » [S4V80]. Si le musulman réduit les paroles du Prophète ﷺ à de simples discours, semblables à ceux de n’importe quel homme, alors son mal est déjà fait, son cœur est déjà malade et sa Religion est déjà corrompue.
Ne soyons pas de ceux qui acceptent et rejettent les lois prophétiques comme bons leur semble, en disant : « ce n’est qu’une sounna » ou « quelle est la preuve de cela dans le Coran ? ». Le Prophète ﷺ est la preuve manifestée et accomplie du Coran. Plus encore, il est « un Coran qui marche ».
Prenons garde, mon frère, ma sœur, lorsque nous entendons les Paroles Éternelles de Dieu ou les paroles de Son Messager, à les accueillir avec la plus grande vigilance, dans la plus grande révérence, et avec la politesse qui leur convient, pour les accepter avec tout notre être et les pratiquer dès qu’elles nous parviennent.
On ne peut pas respecter Dieu, si on ne respecte pas l’Émissaire qu’Il nous a miséricordieusement envoyé pour nous mener à Lui.
b. L’essence des hadiths
Une des sources principales de la connaissance du Messager de Dieu ﷺ provient des hadiths (paroles) rapportés par ses contemporains et leurs descendants.
Aux débuts de l’Islam, les ennemis de la Vérité mentirent sur le Prophète ﷺ, lui attribuant des paroles qu’il n’avait jamais prononcées, trompant ainsi de nombreuses personnes.
En réponse à ces événements, les croyants développèrent la science du hadith pour authentifier et recueillir les véritables paroles du Prophète ﷺ et les témoignages de ses compagnons. Cette science atteignit son apogée avec les deux générations qui suivirent les compagnons.
La science du hadith est une bénédiction pour la communauté, malheureusement, malgré l’importance qui lui a été attribuée, la signification profonde des récits rapportés a été négligée.
En effet, chaque parole ou action du Prophète ﷺ est une miséricorde pour les mondes, par laquelle il établit les croyants dans le foyer de l’adoration et préserve sa communauté du mal. Ses recommandations ont été des ordres immédiats qui ont purifié les êtres et les situations, et ont été des sagesses inestimables pour les générations futures. Ainsi, il faut faire une dissociation entre la forme de l’action du Prophète ﷺ, grâce à laquelle il a atteint son objectif, et l’essence de son action qui est son objectif visé.
Par exemple, le Prophète Muhammad ﷺ a dit : « La partie du vêtement qui est en dessous de la cheville est dans le feu ». Dans cette parole, le Messager de Dieu indique aux hommes de ne pas laisser traîner leurs vêtements en dessous des chevilles. Son action a restreint quelque chose de spécifique, pour purifier les croyants d’un mal.
Quant à la raison de cette restriction, il a dit : « Celui qui laisse traîner son vêtement par orgueil Allah ne le regardera pas le jour du jugement ». Abû Bakr (que Dieu l’agrée) a dit : « Ô Messager d’Allah ! Il y a un des deux côtés de mon vêtement qui tombe à moins que je ne le retienne sans arrêt ». Le Prophète ﷺ lui a répondu : « Tu n'es pas parmi ceux qui font cela par orgueil ». L’essence de cette parole du Messager de Dieu ne concerne pas le vêtement en lui-même, mais la purification de l’arrogance dans sa communauté.
A l’époque de l’ignorance, certains hommes laissaient traîner leurs vêtements, parfois jusqu’au sol, pour témoigner de leur haut rang social. Cette attitude était initiée et irriguée par l’arrogance. Or l’arrogance est une immondice qui n’a pas sa place dans la personnalité pure et noble du croyant. Ces paroles du Prophète ﷺ visaient à purifier les hommes de l’arrogance pour qu’ils s’habillent de l’humilité, car l’arrogance « est dans le feu ». Et certes, l’humilité qui habille le cœur de la personne concorde extérieurement avec un habit simple, dénué de tout excès, que ce soit dans ses formes, ses couleurs ou sa longueur. Par l’excellence de son conseil, le Prophète ﷺ a purifié les croyants et a concilié dans sa phrase l’embellissement de leur personnalité intérieure et extérieure.
Le sujet important dans cette affaire n’est pas le vêtement en lui-même (qui n’est que secondaire), mais le comportement des hommes duquel l’arrogance doit disparaître. C’est pourquoi lorsque notre maître Abû Bakr a dit « Il y a un des deux côtés de mon vêtement qui tombe à moins que je ne le retienne sans arrêt », le Prophète ﷺ ne lui a pas indiqué comment corriger son vêtement, il lui a dit : « Tu n'es pas parmi ceux qui font cela par orgueil ». L’affaire ne constituait pas un mal pour lui, car l’arrogance et le feu sont loin de l’humble et véridique Abû Bakr. On comprend ici, que ce qui prévaut n’est pas la forme du conseil (qui limite le vêtement aux chevilles), mais son essence (qui est la disparition de l’arrogance, dans toutes les attitudes, qu’elles soient liées aux vêtements, aux montures, aux demeures, aux rangs sociaux…).
Le malheur de notre affaire est que les littéralistes se sont arrêtés à la forme de la parole prophétique, plutôt qu’à son essence. Pour ce cas, ils se sont habillés minutieusement avec des vêtements ne dépassant pas leurs chevilles et ont négligé la surveillance de leur état intérieur. Nombreux sont alors tombés dans les pièges de la complaisance et de l’orgueil, s’estimant être les auteurs de leur obéissance. N’est-ce pas étonnant que de s’enorgueillir de suivre extérieurement ce qui intérieurement nous interdit l’orgueil ? Que Dieu nous guide tous, nous aide et nous préserve de l’erreur.
Dans un récit saint (hadith qudsi) Dieu a dit « Je M’étonne de voir celui dont la langue est savante et le cœur ignorant ! Je M’étonne de celui qui se purifie avec de l’eau, alors que le cœur est impur ».
Ces mêmes littéralistes n’ont pas hésité à considérer comme une innovation hérétique tout ce qui dépasse l’apparence des hadiths, discriminant au passage les croyants qui ont conservé une profondeur religieuse. Ils qualifient d’hérésie la reconnaissance des bien-aimés (awliyâ), les invocations faites après les prières obligatoires, les prières et réjouissances du mawlid (naissance du Prophète ﷺ), ainsi que les prières collectives du tarâwîh. La cause de leur erreur réside dans le fait qu’ils s’estiment la forteresse de la science et pensent avoir exploré toutes les voies de Dieu. Ils réfutent donc les vérités qu’ils n’ont pas connues et ne peuvent concevoir qu’une connaissance spirituelle échappe à leur rang de savant.
Mais de quelle science dispose celui qui est satisfait de lui-même ?
Celui qui approche la Sounna du Prophète ﷺ avec son cerveau et son intellect pour l’appréhender est indéniablement voué à l’échec. Nul cerveau ne peut appréhender les décisions du Messager de Dieu, car ce n’est pas le rôle de cet organe limité. Ceux qui ont ainsi agi se sont donc heurtés aux barrières de leur propre raison, mais la science que Dieu a accordée à Son prophète dépasse le concevable. Le Messager a dit : « Certes, le Coran m’a été révélé, ainsi que quelque chose de semblable à lui ». Ce que Dieu a révélé au Prophète ﷺ, qui est similaire au Coran, est ce qui lui a été inspiré pour devenir sa Sounna. Comprends bien que la Sounna du Prophète ne vient pas de lui, c’est une inspiration de Dieu, qui a dit : « il ne prononce rien sous l’effet de la passion, ce n’est qu’une révélation qui lui est inspirée » [S53V3 et 4].
Les sciences que Dieu a déversées dans son Messager sont bien trop inaccessibles pour être comprises par le cerveau. Le Prophète ﷺ a dit : « Je suis la cité de la science et ‘Ali en est la porte, celui qui veut entrer doit passer par la porte » et il n’est point de ceux qui se vantent. De même, un maître parmi les bien-aimés de Dieu a dit : « Les compagnons n’ont connu du Prophète ﷺ que son écorce ». Si les compagnons, qui nous surpassent par leurs adorations, par leur foi, par l’excellence de leur comportement, par leurs soucis pour la communauté musulmane et par leur amour de Dieu et Son Messager n’ont connu que l’écorce du Prophète ﷺ, nous, qu’avons-nous connu de cette écorce ?
Nous ne pouvons véritablement connaître l’essence des hadiths que par l’immense Miséricorde de Dieu, avec un cœur qui a été suffisamment purifié pour que les sciences divines et les réalités spirituelles soient déversées en son sein, tout comme notre maître Adam a reçu la science de Noms. Il s’agit d’un des attributs de la fitra de l’Homme, et ce n’est qu’en regagnant cette fitra que nous pouvons pratiquer la religion droite, comme le dit la seconde partie du verset : « […] telle est la fitra (nature) qu'Allah a originellement donnée aux hommes. Il n’y a pas de changement dans la création d’Allah. Voilà la religion droite. Mais la plupart des gens ne savent pas » [S30V30].
Quant à celui qui ne comprend pas l’essence des hadiths mais qui fait de son mieux pour suivre le Prophète ﷺ avec le peu qu’il a connu de lui, cela est suffisant pour être sur la voie du bien-guidé car notre maître a dit : « Je vous ai certes laissé sur une voie qui est claire, sa nuit est comme son jour. Ne s'écarte de cette voie que celui qui est en perdition ». Mais les prescriptions prophétiques concernant l’éducation du cœur ne doivent pas être négligées au détriment des œuvres extérieures, car aucune œuvre n’est valide sans la sincérité et la bonne orientation du cœur. L’arrogance, l’égoïsme, l’ostentation ou la haine peuvent faire brûler des années d’œuvres en quelques instants, ou rendre des décennies de prières invalides, tandis que l’humilité, l’abnégation et l’amour de Dieu et de Son Messager peuvent élever le serviteur à travers les stations instantanément et lui ouvrir des grâces inespérées.
On nous demande alors, dans notre exemple : « Peut-on laisser le vêtement descendre sous la cheville si ce n’est pas par arrogance ? » Nous répondons : obéissez au Messager d’Allah ﷺ, intérieurement comme extérieurement. Suivez sa jurisprudence extérieure telle que compilée par les nobles écoles, imitez sa manière simple de s’habiller, sans excès et sans démarcation. Et suivez son exemple intérieur, préservé par les détenteurs de la sagesse qui ont marché sur ses pas, ne soyez pas arrogants, évitez tout ce qui nourrit votre ego, fuyez l’ostentation ou la recherche de l’agrément des autres créatures, que ce soit dans vos vêtements, vos voitures, vos maisons, vos nourritures, vos paroles ou vos actions.
Privilégiez tout ce qui vous évoque l’humilité, car on ne peut siéger dans la cour du Roi des mondes qu’avec humilité, tandis que l’orgueil nous en expulse, tout comme satan le maudit a été expulsé. « Et c’est auprès de Dieu qu’est le meilleur retour » [S3V14].
La sounna louable et la sounna blâmable
Le Prophète ﷺ a dit : « […] Certes les plus mauvaises choses sont les choses nouvelles et toute chose nouvelle est innovation (bid’a), et toute innovation est égarement et tout égarement est en enfer ».
Certains pourraient croire que tout ce qui n’a pas été directement pratiqué par le Prophète ﷺ constitue une innovation interdite. C’est un avis propagé par certains qui utilisent le hadith précédent et disent « le Prophète ﷺ n’a jamais fait ça, c’est une innovation (bid’a) qui mène au feu de l’enfer ».
Cependant, les paroles du Prophète ne doivent jamais être prises singulièrement car certaines sont générales et d’autres restrictives. « Tout » peut en effet désigner l’universalité absolue ou une généralité restreinte. Par exemple, Dieu dit : « un vent qui renferme un châtiment douloureux, qui va tout détruire sur l'ordre de son Seigneur. Le matin suivant, on ne voyait plus que leurs maisons » [S46V24&25]. Ici le terme « tout » (kulla) désigne tout le peuple de ‘Âd et ses traces dans l’existence terrestre, mais pas les cieux, les terres, ni les maisons qui ont été laissées comme un signe pour les autres peuples.
Compte tenu de cela, les savants ont dit que les innovations sont de plusieurs types. Certains les ont divisés en deux groupes : les innovations louables et les innovations blâmables. D’autres en cinq groupes : les innovations obligatoires, recommandées, permises, détestables et interdites. L’imam As-Shafi’i a dit : « Toute chose innovée qui contredit le Livre, la Sounna, le consensus des savants ou les traditions [unanimes] des compagnons et de leurs successeurs, est une innovation (égarée) et une errance. Cependant toute chose qui est innovée en matière de bien et qui ne les contredit en rien, est une innovation louable. »
Et l’imam des imams, notre maître Muhammad ﷺ a dit : « Celui qui inaugure dans l'Islam une bonne pratique (sounna hassana) aura sa récompense ainsi que la récompense de ceux qui la pratiquent après lui, sans que cela ne diminue rien de leurs récompenses. Et celui qui introduit une mauvaise pratique (sounna sayi-a) portera le péché de cela ainsi que celui de ceux qui la pratiquent après lui, sans que cela ne diminue rien de leurs péchés ».
Ainsi les bonnes ou mauvaises pratiques qu'innovent les musulmans sont des sounan introduits « dans l’Islam » (fi-l-islami) et rétribués à leur juste valeur. Celui qui donne existence à une nouvelle œuvre portera le poids de chaque imitation et répétition qui en est faite.
Qu’est-ce qu’une bonne sounna et qu’est-ce qu’une mauvaise sounna ?
Les sounna bénéfiques sont celles qui fleurissent dans les « champs du bien » que Dieu et Son Prophète ﷺ ont parfaitement délimités. L’eau qui les irrigue est la miséricorde, le soleil qui les éclaire est la volonté d’aider la communauté et leur fruit est la réjouissance en Dieu. Ces bonnes pratiques ne contredisent jamais le Coran et la Sounna du Prophète, bien au contraire elles puisent dans l’essence de la religion toutes les sagesses nécessaires pour affermir les croyants dans le bien. Ce « champ du bien » est tout ce qui est bénéfique à l’Homme, ce qui lui permet de regagner sa fitra, d’y siéger et de la préserver. Les cultures bénies de ces champs sont toutes les adorations de Dieu qui existent, et la barrière qui les protège est la saine parole du Prophète ﷺ « Lorsque je vous ordonne quelque chose, faites-le autant que vous le pouvez. Et lorsque je vous interdis quelque chose, évitez-le totalement. »
Les mauvais sounan sont les innovations stériles qui poussent en dehors des « champs du bien », dans les terres que Dieu et Son Prophète ﷺ ont interdites. Ces pratiques sont mauvaises car elles éloignent l’Homme de la fitra et coupent de l’adoration de Dieu. Elles sont futiles, néfastes et leur pratique est instable, porteuses de malheurs et de troubles pour la personne et pour les mondes.
Les premiers hommes à avoir transmis des sounan bénéfiques dans l’Islam sont les compagnons du Prophète ﷺ. Ces compagnons constituent l’élite des êtres humains, choisis par Dieu pour accompagner Sa meilleure créature. Ils ont été directement irradiés par la miséricorde du Messager de Dieu ﷺ et nul ne l’a connu aussi intimement, nul ne s’est autant conformé à sa Sounna, et nul n’a autant compris sa méthodologie et ses enseignements que les compagnons.
Parmi les meilleurs des compagnons figurent les quatre califes bien guidés qui ont succédé au Messager de Dieu ﷺ, et qui furent, par la grâce de Dieu, les sublimes dépositaires des lumières du Prophète ﷺ. Ce sont nos valeureux maîtres : Abû Bakr, ‘Umar, ‘Uthmân et ‘Alî, que Dieu soit satisfait d’eux et augmente leur récompense tant que vivra la communauté du Messager de Dieu ﷺ. Et notre maître Muhammad ﷺ a dit : « Accrochez-vous à ma Sunna et à la sunna des califes bien guidés après moi. Tenez-vous-y fermement avec vos molaires. Et méfiez-vous des innovations, car toute innovation est un égarement » montrant ainsi une distinction claire entre sa Sounna et celle des bien-guidés après lui, tout en exprimant son indéniable approbation de la sounna que ces derniers transmettraient.
Parmi les saints exemples des traditions louables des compagnons du Prophète ﷺ :
- Notre maître ‘Umar, que Dieu soit satisfait de lui, a rassemblé les croyants qui priaient les nuits du Ramadhan sous un même imam, puis il a dit « Quelle excellente innovation (bid’a) que celle-ci ! Elle est préférable à celle qu’ils faisaient ».
Le Prophète Muhammad ﷺ, avait prié le tarawih en congrégation pendant deux nuits du mois de Ramadhan, puis à la troisième nuit il s’en est abstenu par peur que cela ne devienne une charge obligatoire pour les musulmans. Lorsque le Messager de Dieu a été rappelé à son Seigneur, la crainte de cette obligation a disparue, et ‘Umar a établi cette pratique de prier les nuits de Ramadhan en congrégation.
Seul un ignorant peut réfuter cette tradition apportée par ‘Umar, lui qui a connu, comprit et aimé le Prophète Muhammad ﷺ plus intensément que tous nos savants. Et « Accrochez-vous à ma Sunna et à la sunna des califes bien guidés après moi ».
- D’autres bonnes traditions ont émergé du vivant du Prophète ﷺ. Parmi elles, lors d’une prière en congrégation dirigée par le Messager de Dieu, l’Imam de la création s’est relevé de l’inclinaison en disant « Samiʿa Allāhu liman ḥamidah» et un homme a répondu « Rabbanā wa laka al-ḥamd, ḥamdan kathīran ṭayyiban mubārakan fīh » (Ô notre Seigneur, à Toi appartient toute la louange, une louange abondante, pure et bénie). À la fin de la prière notre maître Muhammad ﷺ a dit « Qui a dit ça ? » L’homme a répondu « moi » et le Messager a dit : « J'ai vu plus de 30 anges s'empresser d’écrire [ta phrase], et ils ont rivalisé pour savoir qui l'écrirait en premier ».
Depuis ce jour, et plus de quatorze siècle après cet événement, les musulmans du monde répètent cette formule dans la prière en groupe, et c’est une sounna de ce compagnon que Dieu et Son Messager ont agréée.
- Un homme parmi les Ansars dirigeait la prière pour son peuple à la mosquée de Quba. Chaque fois qu'il dirigeait la prière, il commençait par réciter Sourate Al-Fatiha, puis récitait systématiquement Sourate Al-Ikhlâs avant de poursuivre avec une autre sourate, ce qui n’était pas une pratique du Messager de Dieu ﷺ.
Ses compagnons lui dirent : « Tu fais cela à chaque prière. Soit tu te contentes de cette sourate (Al-Ikhlâs) ou bien tu la laisses et tu récites une autre. »
L'homme répondit : « Je ne la laisserai pas. Si vous voulez que je vous dirige en prière ainsi, je le ferai. Sinon, je m'en abstiendrai. »
Voyant qu'il persistait, ses compagnons s’en allèrent rapporter cela au Prophète ﷺ.
Le Messager de Dieu lui demanda : « Qu’est-ce qui t’empêche de faire ce que tes compagnons te demandent ? Et pourquoi récites-tu toujours cette sourate ? »
L'homme répondit : « J’aime cette sourate car elle mentionne les attributs d’Allah, le Tout-Miséricordieux. »
Alors, le Prophète ﷺ lui dit : « Ton amour pour elle t'a fait entrer au Paradis. »
- ‘Abd Allah ibn Rawâha écrivait des poèmes qu’il chantait pour motiver les musulmans avant les batailles ou lors de travaux difficiles. Les musulmans les chantaient collectivement. Le Messager de Dieu les a approuvés, et il a lui aussi récité certains vers de ‘Abd Allah, parmi lesquels :
Ô Allah, sans Toi, nous n'aurions pas été guidés,
Nous n'aurions ni fait l'aumône ni prié.
Alors, fais descendre sur nous la sérénité,
Et raffermis nos pas lorsque nous rencontrons l'ennemi.
Certes, les ennemis se sont levés contre nous,
Et s'ils cherchent à nous égarer, nous disons : Non !
Nombreuses sont les pratiques et traditions qui ont émergé des compagnons et ont été agréées par le Prophète ﷺ. Comme la compagnie de la meilleure des créatures était noble pour ainsi faire germer les fruits de la foi ! Comme est bénie et fertile la terre que le Messager de Dieu a labourée pour sa communauté !
Comment apporter une sounna louable ?
Une innovation louable ne peut être introduite dans la communauté par un individu que grâce à la grande connaissance de la Sounna de Dieu et de la Sounna de Son Messager. Savoir réciter le Coran et les hadiths ne suffit pas, il faut connaître leur source et comprendre leur essence, ce qui est impossible pour le seul raisonnement humain. L’apport d’une sounna louable relève avant tout du cœur, qui, lorsqu’il est pur, reçoit directement la science divine et fait briller la lumière de la vérité. Et il n’existe de pureté pour l’homme que dans sa fitra.
En d’autres termes, pour introduire une sounna louable, il faut posséder l’ensemble des capacités humaines inhérentes à la fitra. Cela implique un cœur pur, exclusivement tourné vers Dieu, afin de recevoir les sciences divines ; un esprit limpide, qui reflète parfaitement le cœur, capable de discerner le vrai du faux, le juste de l’injuste, et entièrement concentré sur Dieu ; mais aussi des sens purifiés et dévoués à l’adoration. Lorsque le croyant retrouve son origine, il devient comme notre père Adam, qui savait spontanément adorer Dieu avec tout son être, sans avoir besoin de l’apprendre. Il se tient alors dans la « Religion droite » [S30V30] et dispose de tous ses organes comme d’outils de compréhension et d’adoration divine.
Ce n’est qu’ainsi que le croyant peut pleinement percevoir les enjeux des innovations, leurs effets et leur réalité dans la Sounna de Dieu et dans celle de Son Messager ﷺ, pour discerner s’il s’agit de bénéfices ou de méfaits.
Les meilleurs exemples de cela sont les compagnons du Prophète ﷺ. Bien qu’ils n’aient jamais mis les pieds dans une université, ils étaient les plus sages et les plus éclairés des Hommes. En suivant la meilleure des créatures, ils sont devenus les réceptacles sains et splendides de la vérité, leurs organes ont été purifiés de leur condition et ils ont regagné leur fitra, se tenant ainsi dans la « Religion droite ». Ensuite, leur cœur leur a suffi pour voguer dans la Religion, car « le cœur des serviteurs d’Allah est entre deux doigts d’Allah, Il les guide où Il veut ». Ils ont alors pu recevoir des idées innovantes grandement bénéfiques aux musulmans, sans tomber dans les affres des mauvaises innovations.
Cette pureté du cœur est la caractéristique de « ceux qui sont avec lui [Muhammad ﷺ] » [S48V29], et de ceux qui le suivent, car sa compagnie et sa Voie ne sont que pureté et purification. Alors, si tu désires la part que Dieu t’a attribuée dans ce bien, ne t’éloigne jamais du purificateur des cœurs. « C'est Lui qui a dépêché parmi les illettrés un Messager pris parmi eux qui leur récite Ses versets, les purifie et leur enseigne le Livre et la Sagesse, alors qu'ils étaient auparavant dans un égarement manifeste » [S62V2].
Quant à celui qui introduit une Sounna auprès de la communauté sans posséder ces caractéristiques, son arrogance constitue un danger pour lui-même et pour les autres, car les défaillances de son cœur, de son esprit et de ses sens influenceront inévitablement ses choix, ses idées et ses avis. Les fruits de son innovation peuvent alors mûrir dans les champs du bien, par la pure miséricorde de Dieu, ou tomber dans les terres de l’interdiction et du malheur, en raison de ses propres déviances.
Que Dieu préserve la communauté des mauvaises innovations. Que Dieu nous embellisse par la crainte du Seigneur des mondes, une crainte qui protège infailliblement de l’erreur. Que Dieu nous accorde la détermination de préserver, avec scrupule et fierté, la nature pure qu'Il a insufflée dans chaque créature. Que Dieu nous offre, par Sa générosité, la compagnie des pieux qui ont saisi les vérités profondes de la Sounna et qui ont suivi, de tout leur être, le médecin des cœurs, le Messager de Dieu ﷺ. Enfin, que Dieu nous accorde le don suprême, l’espoir ultime, la grâce infinie d’être comptés parmi « ceux qui sont avec lui » — le maître des premiers et des derniers, la meilleure des créatures, le médiateur des mondes, le sceau de la prophétie et l’Imam des Envoyés, notre maître Muhammad ﷺ.
Que la Paix et la prière de Dieu soient sur lui, de l’aube de la création jusqu’à la fin des temps.
Auprès de Dieu est notre réussite.
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