Introduction explicative de l'Oraison du Voilier

Au Nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux.

Revivifier la religion tout en restant attaché au respect de la Tradition du Prophète ﷺ est une « problématique » qui a semé la confusion parmi certains musulmans.

Ils en ont fait deux sujets totalement distincts, qui, jamais ne s’imbriquent ni ne se croisent.

Un fossé s’est donc creusé entre la pratique religieuse et la vie mondaine. On pourrait même croire à tort qu’ils n’émanent pas de la même source lumineuse.

L’Homme n’arrive pas à allier les deux de manière équilibrée pour prendre de bonnes décisions.

La blessure est profonde, mais sans remuer le couteau dans la plaie, on ne trouve pas de remède. Il faut donc que de vrais sages éclaircissent, grâce à leurs recherches, ce que Dieu attend de nous. Ce n’est que de cette manière que l’on conciliera le fait religieux et la vie mondaine, la revivification de la religion et le respect de la Tradition prophétique dans sa pratique et dans son esprit.

La source la plus adéquate n’est autre que la Voie du Prophète ﷺ. Cette Voie nous a été transmise par des sages de génération en génération avec des chaînes de transmission remontant jusqu’au Prophète ﷺ.  Cet héritage se trouve dans les recueils des traditions authentiques qui sont la compilation rigoureuse des paroles du Messager de Dieu ainsi que ses faits et gestes.

Une des traditions les plus éminentes est le « Hadith de Jibril » qui doit faire l’objet d’une attention particulière pour entamer des investigations. Dans ce hadith, il y a de nombreuses solutions à nos maux et de nombreuses réponses à nos interrogations.

Ce hadith est le suivant :

« Un jour que nous étions assis auprès de l’Envoyé de Dieu voici qu’apparut à nous un homme aux habits d’une vive blancheur, et aux cheveux d’une noirceur intense, sans trace visible sur lui de voyage, personne parmi nous ne le connaissait.
Il vint s’asseoir en face du Prophète ﷺ  (qu’Allah prie sur lui et le salue) plaça ses genoux contre les siens et posant les paumes de ses mains sur ses deux cuisses, il lui dit : Ô Muhammad : informe moi au sujet de l’Islam[1]. L’Envoyé de Dieu
lui répondit : l’Islam est que tu témoignes qu’il n’est de divinité si ce n’est Allah et que Muhammad est l’Envoyé d’Allah ; que tu accomplisses la prière ; verses l’aumône, jeûnes le mois de Ramadan et effectues le pèlerinage vers la maison sacrée si tu en as la possibilité. Tu dis vrai ! dit l’homme. Nous fûmes pris d’étonnement de le voir, interrogeant le Prophète ﷺ , approuver.

Et l’homme de reprendre : Informe moi au sujet de la foi [2](al- îmân). « C’est, répliqua le Prophète
de croire en Allah, en ses anges[3], en ses livres, en ses Prophète ﷺ s, au jour Dernier et de croire dans le destin[4] imparti pour le bien et le mal ».

Tu dis vrai, répéta l’homme qui reprit en disant : informe moi au sujet de l’excellence (al-Ihsân) "c’est répondit le Prophète
que tu adores Dieu comme si tu Le voyais, et si tu ne le vois pas, sache que Lui te voit."

L’homme dit : informe moi au sujet de l’heure. Le Prophète
répondit : "L’interrogé n’en sait pas plus que celui qui l’interroge".
L’homme demanda alors : « quels en sont les signes précurseurs ? "C’est, dit le Prophète
lorsque la servante engendrera sa maîtresse, et lorsque tu verras les pâtres miséreux, pieds nus et mal vêtus rivaliser dans l’édification de constructions élevées."
Là- dessus l’homme s’en fût. Quant à moi je restai un moment. Ensuite le Prophète
me demanda : Ô Omar ! Sais-tu qui interrogeait ? Je répondis : « Allah et son Envoyé en savent plus. » "C’est Gabriel, dit le Prophète ﷺ  qui est venu vous enseigner votre religion [1]»

Ce hadith est un condensé résumant tous les principes de la religion. Il répertorie les différents axes de la religion et les classe en quatre piliers. Le Prophète ﷺ  ﷺ nous a éclairé sur la manière d’accomplir chacun des piliers. Il nous donne toutes les règles et les principes nécessaires.

Trois choses à noter :

Il faut savoir que cet épisode s’est produit lors de la fin de la vie du Prophète ﷺ. Selon certains, l’Ange s’est présenté au Messager de Dieu ﷺ après le Pèlerinage d’Adieu. Il est même dit que cet événement est arrivé au cours des cent derniers jours de la vie bénie du Prophète ﷺ.

C’est la seule et unique fois que l’Archange Gabriel a été vu sous l’apparence d’un compagnon. Il a aussi pris sa voix. Ceci n’est pas un fait anodin. Cela signifie que cette conversation était de la plus haute importance et qu’il convient de s’y intéresser.

On observe que la hiérarchie des piliers a été établie d’une manière verticale c’est-à-dire que c’est Le Seigneur Lui-Même qui a révélé ces piliers à Ses serviteurs dans un ordre qu’Il a décidé. Le champ d’application est horizontal c’est-à-dire que les règles religieuses édictées s’adressent aux gens afin qu’ils les appliquent dans leur vie quotidienne.

Ce hadith ne doit pas être uniquement compris d’un point de vue purement littéraire. On ne doit pas non plus rallier aveuglément les conceptions pré-établies de certaines écoles de pensée en les suivant comme un mouton. Il ne faut pas non plus suivre les vaines passions qu’entraînent le modernisme et toutes sortes de pensées novatrices ne s’inscrivant pas dans la Tradition.

Le grand public doit s’intéresser au « Hadith de Jibril ». Il doit l’appréhender sous la direction de savants qui ont acquis la science véritable et la compréhension des subtilités. Ces sages doivent servir de garde-fou grâce à la science sacrée qu’ils détiennent d’une part et à l’intégrité qui les caractérise d’autre part (retenons que nul n’est sage sans être intègre…).

Une vision binaire serait fautive : les conséquences et les répercussions de chaque parole du Prophète ﷺ  compte et implique des prolongements dans la réalité.

Dans le « Hadith de Jibril », le début du récit s’adresse à l’individu en tant que tel : il lui donne des directives à suivre et le propos se termine par une prédiction : l’homme dégénéré de la Fin ne sera plus utile : il ne posera plus de repères et de jalons dans la société. On peut donc établir le parallèle suivant : lorsque l’Homme se transforme en suivant les directives de Dieu, il influence le monde dans lequel il vit, et par voie de conséquence le transforme à son tour, tirant ainsi les bénéfices de sa mise en conformité aux directives divines. La société toute entière elle-même bénéficie de ce changement positif.

Paradoxe de la fin des temps : toute œuvre saine et bonne qui amène un changement positif est prise pour une transgression alors que toute dépravation est au contraire valorisée.

Un homme vertueux a dit : « il est étonnant de voir pleurer quelqu’un lorsque son corps décrépit quand nul ne pleure à la vue d’un cœur qui meurt ».

Le hadith de Jibril a hiérarchisé l’ensemble des piliers de la religion en établissant donc un ordre de priorité. Ce hadith parle :

  • d’une constitution régissant les piliers de la pratique religieuse ;
  • des obligations divines pour que le croyant développe sa dimension spirituelle ;
  • des conditions nécessaires à remplir pour avoir une foi complète.

 

Examinons le contenu de l’échange entre notre Maître Mohammed et l’Archange Gabriel. Lorsque ce dernier a posé la question de savoir ce qu’était l’islam, le Messager ﷺ a fourni un enseignement général connu de tous : les cinq piliers de l’islam. La seconde question portait sur la définition connue de la foi. Malgré le fait que cette définition soit partagée par tous les croyants, la foi n’est généralement pas complète, en particulier quand il s’agit de croire réellement aux Livres sacrés, aux Prophète ﷺ s ainsi qu’à la prédestination bonne ou mauvaise.

Cette question est donc essentielle : les gens doivent mesurer son importance cruciale et prendre les mesures qui s’imposent à l’acquisition d’une vraie connaissance par la mise en œuvre d’une démarche authentiquement intellectuelle (au vrai sens de ce terme).

La foi ne se limite pas à formuler verbalement la profession de foi, elle doit aussi se manifester dans l’action.

Le Prophète ﷺ  a dit : « La foi n’est pas une prétention ni un souhait, c’est plutôt ce qui s’est enraciné dans le cœur et qui s’exprime à travers les actes. »[2]

Une difficulté réside cependant dans le fait de croire à tous les Livres et à tous les Prophète ﷺ s si, comme le pensent les musulmans, ces Livres ont été falsifiés ?

La réponse se trouve dans la parole du Prophète ﷺ  : « Il m'a été donné à la place de la Thora les sept longues (a), il m'a été donné à la place du Livre des Psaumes les sourates contenant la centaine (b), il m'a été donné à la place de l’Evangile les répétées(c) et j'ai été privilégié par le moufasal [3]»

Le Coran réunit et synthétise donc l’ensemble des révélations. Suivre le Coran c’est donc suivre l’ensemble des Livres révélés.

L’Archange a demandé ensuite ce qu’était l’excellence.

La réponse fut la suivante : « adorer Dieu comme si tu Le voyais, et si tu ne le vois pas, sache que Lui te voit. »

Quiconque se penche attentivement sur la manière de répondre du Prophète ﷺ  découvre une rhétorique divine qui tient compte de la formation et du développement de la personnalité de l’homme.

Le Prophète ﷺ  indique aussi que l’homme a été créée avec la capacité de raisonner et de comprendre.

Le Prophète ﷺ  fournit également un cadre et un support pour cheminer. Il établit que la bonne manière de parler, de se comporter, de réagir se basent sur l’agrément divin.

Les trois premiers piliers se résument donc ainsi :

L’islam façonne extérieurement le musulman et l’éduque de telle sorte qu’il sollicite ses membres afin qu’ils œuvrent eux-mêmes dans le Bien. Le musulman est d’ores et déjà bon pour lui-même dès lors qu’il prie : c’est l’acte le plus accessible.

Avec l’aumône légale (zakat), le bienfait passe de l’individu isolé à toute la société.

Le premier pilier encadre les actes quotidiens du corps. Les autres actes relevant du premier pilier comme le jeûne ou le pèlerinage apportent, quant à eux, une stabilité et une sérénité au corps.

Dès lors que l’individu agit, sur le plan extérieur, en respectant les bonnes convenances, il bénéficie de retombées positives sur lui-même et sur son entourage. Il est ensuite nécessaire de compléter ce processus en l’approfondissant et le pérennisant par une approche adéquate, sur le plan intérieur.

Il incombe donc au croyant d’agir avec sincérité. Cette sincérité authentique s’acquiert à la condition de croire en Allah, en ses Anges, en ses Livres, en ses Prophètes, au jour Dernier et de croire dans le destin imparti, qu’il soit bon ou mauvais.

L’Islam construit l’individu extérieurement et la foi (Al Imane) le construit intérieurement.

La foi ne saurait être complète sans l’accomplissement des piliers de l’islam, et vice versa. Le véritable islam passe obligatoirement par la réalisation de toutes les conditions de la foi.

Dieu le Très Haut dit : « Les Bédouins affirment : "Nous avons la foi". Dis : "Vous n'avez pas encore la foi. Dites plutôt : Nous nous sommes simplement soumis, car la foi n'a pas encore pénétré dans vos cœurs. Si vous obéissez à Allah et à Son messager, Il ne vous fera rien perdre de vos œuvres". Allah est Pardonneur et Miséricordieux[4]. »

La foi donne une dimension supérieure aux actes religieux, elle les élève en degré auprès de Dieu. On peut augmenter sa foi en suivant l’exemple des hommes pieux et en essayant d’avoir les mêmes états intérieurs qu’eux.

L’excellence (al ihsan) est l’étape au cours de laquelle le croyant acquiert la science nécessaire à son cheminement spirituel ainsi qu’à l’amélioration de son comportement. Il regroupe les œuvres saines accomplies avec un état spirituel empreint de droiture. Al ihsan est un pilier à part entière qui, tout en se suffisant à lui-même, reste cependant tributaire des autres piliers (islam et imâne).

La science de la jurisprudence, ou la jurisprudence des actes obligatoires apportent des éclaircissements et restaure l’intégrité des piliers de l’Islam en cas de manquement.

La science de la doctrine (‘aqida) explique les différents aspects de la foi. Le Prophète ﷺ  a expliqué comment atteindre l’excellence (Al Ihsan) : « adorer Dieu comme si tu le voyais, et si tu le vois pas, sache que Lui te voit… » Il s’agit d’améliorer ta façon d’agir en fonction de ton état présent.

La réalisation de ce pilier fait entrer le croyant dans un processus d’amélioration. Il agit, au début, selon le sens de la parole prophétique « comme si tu le voyais » puis il agit habité par la certitude d’être vu par Lui conformément à la parole « car Il te voit ».

Il faut donc chercher à augmenter ses connaissances d’une part et œuvrer en conséquence d’autre part ; il faut également chercher à accroitre la foi qu’on a en Lui.

Entre ces deux étapes, il y a toute une science qui se présente sous diverses appellations :

  • la science des Gens (de Dieu) ;
  • la science du soufisme ;
  • la jurisprudence des états spirituels ;
  • les actes d’ascèse.

On peut l’appeler comme bon nous semble. Cependant, il s’agit du troisième pilier de la religion qui doit être concrètement pris en considération.

L’excellence est le fruit que peut offrir le croyant au monde qui l’entoure. Ignorer ce pilier c’est rendre notre religion bancale.

Les anciens musulmans du Maghreb ont joué un rôle important dans l’épanouissement de cette science. Définir une bibliographie de référence à étudier reste un objectif à réaliser au même titre que cela a été fait dans le domaine de la jurisprudence, de la doctrine et de la Tradition.

L’excellence c’est donc fournir l’effort de t’améliorer peu à peu, en fonction de tes capacités, de tes possibilités. Dieu dit : « Dieu n'impose rien à une âme qui ne soit en proportion de ce qu'Il lui a donné [5]».

Soutenu par la Divine Providence, il sera facile au croyant d’accomplir ce pilier. Pour être du nombre de ces croyants, il faut réaliser en son for intérieur que nos œuvres sont inscrites en effet par les Anges dans un registre, qu’elles soient à notre avantage ou pas.

Il faut toujours s’appliquer de telle façon que nos œuvres présentes soient meilleures que celles d’hier ; et faire en sorte que celles de demain soient meilleures à celles d’aujourd’hui. Dieu dit : « A ceux qui font le bien échoit la belle récompense, et plus encore  [6]».

Tant que le serviteur s’efforce de bien œuvrer en s’améliorant, Dieu vient à sa rencontre avec une « belle récompense ». Il le comble de bienfaits de la manière qui sied à Sa générosité « et plus encore »

L’excellence révèle la prime nature de l’homme et la valorise. D’autre part, elle a des répercussions positives aussi bien sur l’individu que sur son entourage proche ou lointain.

Le dernier pilier de la religion, le quatrième, est totalement négligé par les cercles religieux, il s’agit de la science de l’Heure. Ce pilier concentre en lui-même tous les autres piliers.

Il est défini de la manière suivante :

  • C’est la science qui étudie le contexte contemporain ;
  • C’est la science du jour de la Résurrection ;
  • C’est la science des conditions de l’arrivée de l’Heure finale.

L’Islam dépend de la foi (Imâne) car cette dernière corrige les œuvres prescrites par Dieu en y apportant la sincérité. Par la foi, toutes les œuvres ont comme objectif la Face de Dieu ; elle enrichit les actes d’excellence en leur octroyant cette profondeur.

La science de l’Heure découle des actes d’excellence. Il y a d’un côté les causes (négatives) qui conditionnent l’arrivée de l’Heure, et parallèlement il y a les acteurs (pervers) qui travaillent à son arrivée. L’Heure dernière peut être repoussée par les œuvres d’excellences. C’est l’excellence et les œuvres qui en découlent qui peuvent à la fois repousser les causes et les acteurs de l’arrivée de l’Heure fatidique.

Autrement dit : la Foi (Imâne) n’est pas valable sans l’Islam, l’Excellence n’est pas valable sans la Foi, la science de l’Heure et ses œuvres  ne sont pas valables sans l’Islam, la Foi, et l’Excellence.

Les signes des temps sont souvent décrits un peu partout. Mais la plupart du temps seuls les signes mineurs ou intermédiaires sont exposés. Cependant, les œuvres susceptibles de peser sur cet évènement terminal et les solutions pour le retarder font défaut. La « Fin des temps » reste cantonnée au domaine littéraire, et anecdotique. Le Messie, le Dajjal sont des personnages fantastiques, et les récits qui les mettent en scène des épopées.

La réalité est tout autre. La science de l’heure est fondée car il y a plus de milles ahadith rapportés par le Prophète ﷺ  à ce propos. Or, les gens se mobilisent sur des sujets secondaires.

Certains, par exemple, polémiquent, s’insurgent contre la célébration de la naissance du Prophète ﷺ  (mawlid) et vont même parfois jusqu’à tuer des croyants qui célèbrent cette fête : c’est ignorer totalement le quatrième pilier riche de tant d’enseignements.

La science de l’Heure apporte des solutions aux dérives sociétales qui entraînent une grave dégradation des mœurs de la Communauté (Oumma).

La science de l’Heure contient une analyse de ce qui affaiblit la Oumma et apporte des éléments tangibles pour la ressourcer. Cette science nécessite une expertise et une étude sérieuse : pas de place pour l’improvisation car elle est issue de la Révélation divine et de la Tradition prophétique.

La religion, dans ses fondements, interdit le recours à l’analogie en présence d’un texte explicite.

Il faut aborder la science de l’Heure de la même manière ; il ne faut pas outrepasser les textes issus de la Révélation et de la Tradition. Ainsi donc, fournir un effort d’interprétation (Ijtihad) sans prendre en considération les textes existants est nul et non avenu.

Au cours d’une visite au cimetière de Badr, où étaient enterrés les martyrs, Le Prophète ﷺ  s’était adressé à des gens sur une chaire : « Je suis parmi vous comme un éclaireur et je serai témoin contre vous. Votre rendez-vous sera le bassin que je vois déjà de ma place.  Par Dieu, je ne crains pas pour vous l’associationnisme, mais je crains que vous vous disputiez (pour les biens) de ce monde[7]. »

Le Prophète ﷺ  a donc fait le serment qu’il était impossible à celui qui connait Dieu et ses Prophètes de tomber dans l’associationisme. Il a condamné la course aux richesses de ce bas-monde en raison des terribles disputes qu’elle engendrait fatalement.

L’idée principale qui ressort de ce hadith est que « celui qui se bat pour les biens de ce bas-monde, le Prophète ne peut rien lui garantir ».

Quelqu’un dont le cœur est soumis à l’emprise de ce bas-monde ne peut légitimement parler d’unicité ou critiquer l’associationnisme. Il est tel un aveugle qui polémique sur le traçage et la délimitation des places ou des terrains.

Dieu, Loué soit-Il, a raconté dans le Coran des histoires montrant l’élévation spirituelle et les effets positifs produits par les actes d’adoration. Il y a également décrit les dérives et les abus des actes de désobéissance.

« Chacun d'entre eux, Nous l'avons saisi à cause de son péché. Il en est, parmi eux, à qui Nous avons envoyé un ouragan. Il en est, parmi eux, que le Cri a saisis. Parmi eux, il en est que Nous avons fait engloutir par la terre, et il en est que Nous avons noyés. Ce n'est pas que Dieu ait voulu leur faire tort, mais ils se sont fait tort à eux-mêmes[8]. »

Quels sont donc les actes de désobéissance qui entraînent la noyade, les ouragans ou le « Cri » ?             

Quels sont les effets de ces actes blâmables sur la matière et l’esprit ? Quels dysfonctionnements ces actes négatifs entraînent-ils sur le plan physique, spirituel à l’échelle individuelle sociétal ou environnemental ?

Toutes ces questions ont été négligées. Il est regrettable que des investigations plus approfondies n’aient pas été réalisées. On peut effectivement relever tous les défis, avec l’aide du Coran et de la Sunna afin d’expliquer sociologiquement, médicalement, physiquement les bienfaits de l’obéissance à Dieu et les méfaits de la désobéissance.

L’explication coranique des conséquences des actes bons ou mauvais ne va pas à l’encontre de la science dite profane. Au contraire, des recherches poussées montreraient que la science confirmerait la Révélation.

Ces interrogations et ces pistes de réflexion font partie de la science des signes de l’Heure, ou autrement dit la science des signes précurseurs.

Seule la vraie Religion répond à ces problématiques en apportant de surcroît une culture collective basée sur la droiture pour construire une civilisation saine. L’absence de religion a conduit l’homme à prendre des décisions aberrantes : nous en payons désormais le prix fort. Ces choix civilisationnels aberrants ont engendré des déséquilibres graves et des incohérences mortelles pour toute l’humanité.

Le quatrième pilier est présent dans cette parole du Prophète ﷺ  : «  lorsque la servante engendrera sa maîtresse, et lorsque tu verras les pâtres miséreux, pieds nus et mal vêtus rivaliser dans l’édification de constructions élevées. »

Bien que brèves, ces paroles ont une portée décisive. Une tradition ne dit-elle pas : « Il m’a été donné des paroles concises ayant beaucoup de sens ([9])[…]».

Ce hadith explique les épreuves qui provoquent la perte et le détournement des valeurs au point où l’homme trahit le dépôt qui lui a été confié (c’est-à-dire les principes édictés par la Révélation) pour en arriver à la déchéance de son statut de représentant de Dieu sur terre.

La coupure des liens familiaux entre mère et fille, ainsi que l’abandon par les Arabes de l’héritage prophétique, au préalable source de contentement et de satisfaction, pour être remplacé par la concurrence orgueilleuse dans l’édification de constructions élevées en sont les principaux marqueurs.

D’une manière plus générale, le Messager de Dieu ﷺ évoque la destruction du socle familial d’une part et d’autre part la course matérialiste vers les « biens » de ce monde comme autant de signes annonciateurs de la chute de l’Homme et qui apparaissent bel et bien comme deux axes fondamentaux qui ressortent du quatrième pilier.

Quiconque dénigrerait cette science, il lui sera répondu : « Nous ne vous croyons pas. Dieu nous a déjà instruits sur votre compte[10]. »

Quant à ceux qui argueraient que notre méthodologie s’écarte du sentier établi, il lui sera rétorqué les paroles de l’Envoyé de Dieu : « Celui qui instaure dans l’Islam une bonne tradition, il en aura la récompense ainsi que la récompense de tous ceux qui œuvreront selon elle après lui, sans que cela ne diminue en rien leurs récompenses[11]. »

Ce hadith s’explique de la façon suivante :

L’œuvre est un pilier dans la religion et il est obligatoire de la pratiquer conformément aux textes sacrés.

La bonne tradition guide vers l’effort d’interprétation de telle sorte que nous comprenions les textes sacrés et que nous soyons en mesure de les appliquer d’une manière appropriée aux jours actuels. Il est impératif que ces prescriptions et ces textes soient compris par tous. Ce procédé pose les jalons d’une voie éclairée qui, par la grâce de Dieu, stoppe l’hémorragie qui vient des troubles actuels.

Rendons louanges à Dieu qui nous permet d’êtres musulmans ; pour la Foi qu’Il a mis dans notre cœur. Adressons Lui nos louanges pour le pardon qu’Il nous accorde lorsque l’on pêche.

Ne laissons pas notre regard se figer sur les conditions actuelles, sur notre vie actuellement difficile avec son lot d’abomination. Ne perdons pas espoir, ne soyons pas frustré, même s’il ne devait rester qu’une personne valable. Hâtons-nous plutôt à Le remercier d’avoir été préservé des maux et des fléaux qui touchent la société contemporaine. Celui qui est honoré par Dieu a conscience des bienfaits qu’Il lui a octroyé.

Le Prophète ﷺ  a dit : « L'islam a commencé comme quelque chose d’étrange et il redeviendra comme quelque chose d’étranger. Annoncez donc la bonne nouvelle aux étrangers... Ceux qui remettent droit ce que les gens ont corrompu[12]… » L’Envoyé de Dieu ﷺ a aussi dit : « Viendront à vous des temps de patience. S'accrocher à votre Religion sera comme tenir des braises dans vos mains. Ceux qui œuvrent auront alors la récompense de cinquante. » Ils dirent : « Cinquante d'entre eux ? » Il ﷺ répondit : «Cinquante d'entre vous [13]».

Il est clair que nous sommes dans les temps annoncés par le Messager ﷺ, nul besoin de le prouver.

L’Homme est complètement déboussolé. Il ne sait plus quels sont les comportements voulus par Dieu : plus de repères pour cheminer.

Notre devoir est de tirer la sonnette d’alarme. On doit ramener les gens sur le droit chemin et leur faire prendre conscience qu’il n’y a pas d’issue en dehors de Dieu.

On ne peut revenir à Dieu qu’en ne connaissant la Voie. Cette connaissance de la Voie ne vient que par les bonnes œuvres et les recherches sincères et minutieuses.

Personne n’ignore l’importance de la condamnation du blâmable et la recommandation du convenable en islam. C’est une règle qui contient néanmoins des exceptions dont il faut tenir compte.

Le Prophète ﷺ a dit : « Si tu vois les gens agir par cupidité, suivre leur passion, et l’amour du bas-monde qui laisse des traces (sur les hommes), si tu vois des gens avec une haute opinion d’eux-mêmes, tu devras alors te préoccuper de toi, et t’éloigner de leur façon d’agir.[14] »

Celui qui veut rester attaché à ce principe (recommander le bien et condamner le blâmable) doit vérifier qu’il ne suit pas ses passions, qu’il n’est pas sous l’emprise de ce bas-monde, et qu’enfin il ne s’enfle pas d’orgueil persuadé d’être supérieur aux autres. De la même façon, il ne peut pas s’adresser à un interlocuteur qui réunit en lui, en même temps, ces trois défauts.

Il y a des précautions à prendre pour condamner le blâmable et recommander le louable :  en ces temps de sédition et de troubles cela comporte en effet des risques. Ce manque de prudence est fréquent chez ceux qui sont sous l’emprise des trois défauts précédemment décrits.

Le rappel de Dieu ne remettra pas ce dernier sur le droit chemin, les conseils ne lui seront d’aucune utilité. Au contraire, la foi du prédicateur (si celle-ci n’est pas fermement enracinée) peut être menacée : les polémiques et les débats inutiles avec des ignorants et imbues de leur personne ont des effets négatifs. Dieu dit : « écarte-toi des ignorants[15]. »

Le compagnon Hudhayfa ibn al Yaman nous a transmis trois mises en garde : agir avec précaution, tenir compte des maux et des dangers qui nous guettent, et poser des actes exceptionnels en fonction du contexte. Il était considéré comme un des dépositaires du secret du Prophète ﷺ  et son confident. Il connaissait d’ailleurs le nom de tous les hypocrites. Il avait une approche différente des autres compagnons qui mérite d’être connue. Il a dit : « Les gens interrogeaient le Messager d’Allâh sur le Bien, et moi je l’interrogeais sur le Mal, de peur qu’il ne m’atteigne[16]. »

Il continue à propos de cet échange capital avec le Messager ﷺ car il nous éclaire sur les pistes à explorer.

Ibn Al Yaman dit donc :

- Ô Messager d’Allâh ! Nous étions dans l’ignorance et vivions dans le mal, puis Allâh nous a apporté ce bien. Y aura-t-il un mal après ce bien ?

- Oui

- Après ce mal, y aura-t-il un bien ?

- Oui mais il sera brouillé.

- Qu’est ce qui le rendra trouble ?

- Des gens qui guident sans qu’eux même ne suivent ma guidée, tu approuveras d’eux certaines choses et en désapprouveras d’autres.

(Autrement dit : ces « guides » distilleront des conseils qui s’apparenteront à de bons rappels, mais il ne s’agira en vérité que de tromperie. Il y aura néanmoins des gens, gardiens de la foi, qui se dresseront contre eux et les confondront. Ils auront les connaissances adéquates et parviendront à réfuter leurs arguments de manière opportune et efficace.)

- Et après ce bien, y aura-t-il un mal ?

- Oui, des prêcheurs aux portes de l’Enfer, celui qui leur répond, ils l’y précipitent.

( Cela signifie que les véritables gardiens de la foi vont perdre du terrain. Les gens les confondront avec les faux prédicateurs.)

- Décris-les moi, Ô Messager de Dieu !

- Ils sont fait en chair et en os comme nous et parlent notre langue.

(Le Prophète ﷺ  révèle l’identité de ces semeurs de troubles. Ce seront des prédicateurs arabes sous couvert islamique. Ils utiliseront les codes vestimentaires musulmans. Ils utiliseront en apparence la rhétorique islamique en utilisant le Coran et les ahadith pour égarer les gens et semer la corruption).

- Que me recommandes-tu si je vis jusque-là ?

- Attache toi au groupe des musulmans et à leur Imam.

(Il faudrait ici entamer une série de recherches pour que cessent les fraudes et la duperie. En effet, tout le monde prétend faire partie du groupe sauvé et suivre l’Imam désigné.)

Et s’ils (les musulmans) n’ont plus de groupe ni d’Imam ?

Dans ce cas éloigne-toi de tous les groupes, même s’il faudrait que tu mordes à la racine d’un arbre, et ce jusqu’à ce que la mort te trouve ainsi[17].»

Que signifie « mordre à la racine d’un arbre » ? C’est une question de la plus haute importance :on ne peut pas improviser des avis et des interprétations au risque de mordre des racines empoisonnées.

L’affaire présente quelques dangers. Nous aurions besoin de programmes d’études scientifiques, religieux, théologiques et spirituels menés par de bons spécialistes. Ces études révèleraient à la communauté humaine les causes de sa fragilité.

La science de la fin des temps est de la plus haute importance car elle mettrait en lumière les signes du déclin de l’humanité dans le but de trouver les moyens de se prémunir et les solutions pour résister. Le but de ces recherches d’apporter des réponses et des solutions pour survivre au désastre général qui arrive inéluctablement.

Ces invocations conviennent à ceux qui attachent de l’importance au pilier de l’Ihsan (Excellence). concernent ceux qui se résolvent à supporter une partie des maux de la communauté du Prophète ﷺ.

Par la Grâce de Dieu, j’ai compilé ces invocations qui sont des fruits que j’ai pu récolter dans les jardins des hommes de Dieu. Je me suis assuré de leur compatibilité avec le Livre de Dieu et la Tradition prophétique.

Le temps est venu pour partager ces invocations au grand public. Elle a été composée après la litanie du navire du sauvetage. On peut donc l’appeler la « litanie du voilier » car en la lisant, elle nous permet de garder le cap pour ne pas s’égarer.

Espérons que grâce à cette litanie, Dieu nous accorde la victoire et nous guide sur le bon cheminement. Ce sont les conditions sine-qua-none pour restaurer ce qui a été détruit ou détérioré par nos négligences ou par les ruses sataniques et dajalites.

Les invocations, les œuvres, le comportement, le cheminement, l’étude sont les ingrédients indispensables du quatrième pilier.

Les enseignements prophétiques en question ici sont spécifiques à leur époque. On ne peut pas les utiliser de manière littérale et décréter que tout s’applique indifféremment de la même façon sur tout le monde.

J’ai pris dans les enseignements ce qui est utile pour se préserver en tenant compte des causes qui mènent à la destruction. Cette procédure est totalement en accord avec ce que m’ont enseigné nos Maîtres.

Ces invocations, dans un premier temps, attirent l’attention du croyant sur la réalité de sa religion, et l’alertent sur ces obligations.

Dans un second temps, il convient de décrire la manière dont le parti de Satan égare et éloigne de Dieu. Et de décrire également les corruptions et les troubles engendrés par le parti du Dajjal, composé d’hommes, de djinns et de diables tous agissants.

J’évoque aussi comment les combattre de manière efficace.

Ces procédures découlent purement et simplement de l’application des directives divines présentes dans le quatrième pilier de la religion.

La première partie est articulée sur deux axes. La première partie sert d’introduction, et se termine par des versets de supplication (tawwassul).

Cette première partie est destinée à tout le monde, en particulier aux personnes qui travaillent beaucoup ou à celles qui ont des connaissances limitées.

La seconde partie est destinée aux initiés. Y apparaissent tous ceux qui jouent un rôle dans ce pilier de la religion mû par la volonté de Dieu, que ce soient les Anges rapprochés, les Messagers et les Envoyés, ainsi que l’ensemble des créatures bienfaisantes parmi les djinns et les hommes.

Je demande à Dieu, le Grandiose, Maître du Trône immense que cette supplique nous soit d’une grande utilité. Je Lui demande qu’Il nous élève grâce au Noble Coran et aux lumières du maître des premiers et des derniers. Je lui demande qu’Il nous accorde le cheminement vers la rédemption pour être épargné.

Je lui demande qu’Il facilite, à l’ensemble de la communauté, l’entrée dans la voie de la sagesse.

Il est le Seul capable de guider.

« Il est le Vivant ! Il n'y a de dieu que Lui. Implorez-Le en lui vouant un culte pur. Louange à Dieu, le Seigneur des mondes [18]! »

Adaptation française faite par KarimC

1 https://www.doctrine-malikite.fr/Hadith-de-Gabriel_a32.html Rapporté par Muslim : 

2 Hadith sahih rapporté par Al Bayhaqi, , certains disent que c’est une parole forgée qui n’est pas attribuée au Prophète ﷺ  mais un propos tenu par le compagnon Hassan Al Basri.

3 Hadith rapporté par Al Bayhaqi et Tabari considéré comme bon

(a) Il s’agit des longues sourates 1 La Vache, 2 la Famille d’Imran, 3 Les Femmes, 4 La Table Servie, 5, le Bétail, 6 La Muraille, 7 Le Butin, et 8 Le Repentir. Dans le Coran, il n y a pas de séparation entre La sourate Le Butin et Le Repentir, voilà pourquoi le Prophète ﷺ  a compté sept. (b)Ce sont les sourates contenant une centaine de versets.                                                                                                                                        c)Il s’agit probablement des sept répétées, c’est la Sourate Al Fatiha                                                                                                                          d) Il y a plusieurs avis, il s’agirait soit des sourates courtes allant de la sourate les Appartements jusqu’à la fin, soit de la sourate Qaf jusqu’à la fin.

4 Sourate les appartements verset 1           

5 Sourate La Répudiation verset 7

6 Sourate Jonas verset 10

7 Hadith authentique rapporté par Al Boukhari et Muslim.

8 Sourate l’Araignée verset 40

9Hadith authentique rapporté par Muslim

10 Sourate le Repentir verset 94

11 Hadith authentique rapporté par Muslim

12 Hadith authentique rapporté par Muslim

13 Hadith bon rapporté par Abou Daoud et Tirmidhi

14 Hadith bon rapporté par Abou Daoud

15 Sourate 7 les Murailles verset 199

16 Récit authentique rapporté dans les recueils de Boukhari et Muslim

17 Hadith authentique rapporté par Al Boukhari

18 Sourate le Pardonneur verset 65

 

0 Commentaire(s)

Poster un commentaire