Islam et islamisme

À eux seuls, ces deux mots alimentent toutes sortes de polémiques. Fantasme débridé pour les uns, opportunité douteuse pour d’autres, la question de l’Islam, en France et ailleurs, et au-delà de son propre fait, illustre bien la nécessité d’éclaircir certaines notions en vue de tempérer des discussions souvent maladroites. En effet, l’Islam est un marqueur important, parmi d’autres, des enjeux actuels et du rapport de force qui est en train de se jouer. La confusion des genres et des esprits a justement une fonction : celle d’œuvrer au service d’une toute petite minorité au détriment du plus grand nombre. Dépassionner les débats s’avère donc incontournable s’il s’agit de rendre lisible et intelligible une mécanique globale de destruction, qui va bien au-delà de la dimension sociale du fait musulman.

 

L’Islam

L’Islam, comme toutes les religions, est un ensemble d’articles de Foi qui débouche sur une pratique religieuse et sociale, une morale, une compréhension du monde, un projet de civilisation, et qui fait suite à la Révélation. Et Dieu dit : « […] Aujourd’hui, J’ai amené votre religion à son point de perfection, Je vous ai accordé Ma Grâce tout entière et J’ai agréé l’Islam pour vous comme religion […] » (sourate 5 verset 3).

 

L’Islamisme

L’islamisme, quant à lui, est une idée selon laquelle les outils que le fait islamique a développés, et uniquement eux, sont seuls à même de mener à un régime politique valable et légitime, qui doit dominer sur le monde, et qui ne peut émerger et être porté que par la réinstauration d’un califat, par la force s’il le faut.

L’islamisme investi donc trois problématiques : celle de la place, dans notre monde actuel, des sciences religieuses, en opposition aux sciences modernes, celle de l’impérialisme, et celle de la réhabilitation des esprits par un mode de gouvernance politique. Certes, l’islamisme ne forme pas une doctrine unitaire et unifiée. Ces trois éléments essentiels peuvent donc varier, avec plus ou moins de nuances, d’une tendance à une autre de la pensée islamiste. Mais ils affichent néanmoins une récurrence de fond quasi systématique et donc suffisamment significative pour nous permettre de positionner l’islamisme au regard de l’Islam.

 

Sciences et sciences religieuses

Par sciences religieuses, nous désignons toutes les branches du savoir à partir desquelles les spécialistes des Textes développent une compréhension sereine de la Foi, de la Loi, et de la Spiritualité. Mais, au regard de la Révélation, tout cela ne constitue pas l’exhaustivité du savoir, ni le seul recours sur lequel l’humanité doit se reposer pour se rapprocher de Dieu : « À Dieu appartient le Royaume des Cieux et de la Terre et Sa puissance n’a point de limite. En vérité, il y a dans la création des Cieux et de la Terre et dans l’alternance de la nuit et du jour tant de signes pour des gens doués d’intelligence qui, debout, assis ou couchés, ne cessent d’invoquer Dieu et de méditer sur la création des Cieux et de la Terre en disant : “Seigneur ! Ce n’est pas en vain que Tu as créé tout cela ! Gloire à Toi ! Préserve-nous du châtiment de l’Enfer !” »  (sourate 3 versets 189-191).

La science, donc, dans son sens le plus large, est une prescription divine. Chaque parcelle du savoir est un atout supplémentaire qui permet à l’humanité de faciliter son parcours de proximité avec le Divin, loué soit-Il, et de parfaire le quotidien de la Foi. Ainsi la psychologie, par exemple, fait partie de la religion, au même titre que la sociologie, ou toutes les branches du savoir qui résultent de la démarche scientifique moderne. Plus exactement, toute branche du savoir est une voie de la Vérité dès lors que la religion est le support de conscience qui donne l’impulsion initiale de la quête de science : « Dans la création des Cieux et de la Terre, dans l’alternance de la nuit et du jour, dans les vaisseaux qui sillonnent la mer, chargés de tout ce qui peut être utile aux hommes, dans l’eau que Dieu précipite du ciel pour vivifier la terre, après sa mort, et dans laquelle tant d’êtres vivants pullulent, dans le régime des vents et dans les nuages astreints à évoluer entre ciel et terre, dans tout cela n’y a-t-il pas autant de signes éclatants pour ceux qui savent réfléchir ? » (sourate 2 verset 164). Il y a donc la responsabilité, pour les acteurs légitimes de l’Islam, de mettre à disposition de tous le patrimoine de la Sagesse afin d’enrichir les données des outils scientifiques modernes.

Les sociétés se complexifient et nécessitent des procédés d’expertise de plus en plus larges pour apporter des solutions aux problèmes qui se manifestent. Les sciences dites modernes, de fait, ne sont pas issues du fait religieux, mais du fait social, qui a posé la nécessité de développer des outils de compréhension désacralisés, pour des enjeux qui ne sont pas directement spirituels, mais qui sont l’affaire de tous, croyants et non-croyants. Le support parallèle du regard de la Sagesse permet de conserver un esprit de synthèse, et le souci permanent des finalités réelles du savoir.

En effet, si la science moderne, qui n’est finalement qu’un protocole technique de traitement de l’information sans finalité de conscience, n’est alimentée que par elle-même, elle finit par prendre les mêmes attributs de ceux qui la manipulent, et les mêmes travers. C’est ainsi que toutes sortes d’idéologies malsaines et ténébreuses utilisent les institutions de la science moderne en quête de justification et de crédibilité, la théorie du genre en est un bon exemple. La contribution, en matière de science moderne, de l’expertise spirituelle n’est pas une option, mais la condition par laquelle le savoir et le spirituel conservent un dialogue lucide, condition sine qua non à la pérennité d’une civilisation.

Ceci nous donne l’occasion, donc, de souligner deux dérives récurrentes dans la manière de positionner la démarche scientifique et le rôle de la science. La première consiste à dire que seules les sciences religieuses sont en mesure de produire le savoir utile à l’humanité et qui honore le Divin, alors que cette position, comme nous l’avons vu, entre en contradiction avec les Textes. L’autre dérive est la démarche que soutiennent, entre autres, la Franc-Maçonnerie, ses dérivés, et les extrémistes de la laïcité, pour lesquels la méthode scientifique moderne, uniquement, est capable de produire, a posteriori de son œuvre, un support de conscience, et non la Foi, entrant ainsi en rupture avec toute l’histoire de l’humanité : « Dieu reçut un jour l’engagement des prophètes en leur disant : “Quelle que soit l’importance de l’Écriture et de la sagesse que Je vous ai données, lorsqu’un nouveau prophète viendra vous confirmer ce que vous savez déjà, croyez en lui et prêtez-lui votre entier concours.” Et Dieu insista : “Y consentez-vous ? En assumerez-vous la responsabilité ?” – “Nous y consentons”, répondirent-ils. Et Dieu de conclure : “Soyez-en témoins, J’en témoigne de même.” Quiconque, après cet engagement, chercherait à s’y dérober serait du nombre des pervers. » (sourate 3 versets 81-82).

 

Impérialisme et universalisme

L’Islam est un universalisme. La religion musulmane, en effet, à l‘instar du Christianisme, professe que l’humanité est une et indivisible. Tous les êtres humains, sans exception, sont appelés à la Foi, et à se réaliser dans la voie de Dieu. Seuls quatre points distinguent les hommes entre eux : la Foi, la Sagesse, le bon cœur, et la piété. Et Dieu dit : « Ô hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous vous avons répartis en peuples et en tribus, pour que vous fassiez connaissance entre vous. En vérité, le plus méritant d’entre vous auprès de Dieu est le plus pieux. Dieu est Omniscient et bien Informé. » (sourate 49 versets 13 à 15).

De facto, cet universalisme entre en contradiction avec l’impérialisme. Plutôt, la doctrine coranique encourage l’affirmation des identités nationales et locales, qu’elle invite à parfaire par le chemin de la Foi qui, par ailleurs, ne doit pas être imposé, mais présenté à sa juste valeur afin d’être mis à disposition de ceux qui veulent investir le monothéisme : « La vraie religion pour Dieu, c’est l’islam. Et si les gens des Écritures se sont divisés entre eux, c’est uniquement par pure jalousie, après que la science leur fut donnée. Que celui donc qui renie les signes de Dieu sache que Dieu est prompt dans Ses comptes. S’ils te contredisent, dis-leur : “Je me soumets à Dieu, moi et ceux qui me suivent.” Après quoi, demande à ceux qui ont reçu l’Écriture et aux non-initiés : “Êtes-vous soumis à Dieu ?” S’ils se déclarent soumis à Dieu, c’est qu’ils ont pris la bonne voie, mais s’ils s’en détournent, rappelle-toi que ton rôle se limite à transmettre le Message. Dieu observe constamment Ses serviteurs. » (sourate 3 versets 19-20).

Et Dieu dit : « Point de contrainte en religion maintenant que la Vérité se distingue nettement de l’erreur. Désormais, celui qui renie les fausses divinités pour vouer sa foi au Seigneur aura saisi l’anse la plus solide, sans crainte de rupture. Dieu est Audient et Omniscient. » (sourate 2 verset 256).

 

L’usage de la force

D’après les Textes, l’émergence d’une civilisation de la Foi ne passe ni par la terreur, ni par l’usage de la force, mais par la transmission de la Sagesse et l’effort des Croyants pour rendre celle-ci accessible : « […] En vérité, Dieu ne modifie point l’état d’un peuple tant que les hommes qui le composent n’auront pas modifié ce qui est en eux-mêmes. Et quand Dieu décide de punir un peuple, nul ne peut L’en empêcher, car les hommes en dehors de Lui n’ont nul protecteur. » (sourate 13 verset 11).

En Islam, l’usage de la force est légitime dans trois cas uniquement : se défendre, intervenir pour stopper une ignominie en cours, ou stopper une guerre entre deux pays : « Combattez dans la Voie de Dieu ceux qui vous combattent, sans jamais outrepasser les limites permises, car Dieu n’aime pas ceux qui les transgressent. » (sourate 2 verset 190).

Pour promouvoir la Foi et la Sagesse, les fidèles sont plutôt tenus de montrer l’exemple du savoir-vivre, du bon comportement, et de rendre accessible le Message au plus grand nombre : « Obéissez à Dieu, obéissez au Prophète ! Mais si vous vous en détournez, sachez que le Prophète n’a pour mission que de vous transmettre le Message en toute clarté. » (sourate 64 verset 12). Œuvrer pour l’émergence des valeurs de la Foi n’implique donc pas pour autant la conversion du monde entier à l’Islam, ou la constitution d’un Islam uniformisé.

Plutôt que de forcer les choses et de semer le chaos sur terre pour provoquer artificiellement un basculement, il est demandé au fidèle d’œuvrer dans la voie de la Sagesse pour mettre en place les conditions de la civilisation de la Foi et de la paix, et la Grâce de Dieu opérera la fin du changement : « C’est que, en effet, Dieu ne modifie en rien les bienfaits dont Il gratifie un peuple qu’autant que ce peuple modifie lui-même son comportement, car Dieu est Audient et Omniscient. » (sourate 8 verset 53).

Le seul califat légitime est celui qui est porté par la Grâce de Dieu, et la condition initiale de l’agrément du Très-Haut, loué soit-Il, est le respect de Ses prescriptions, en procédant selon le cadre qu’Il a défini, exalté soit-Il.

 

L’islamisme : un anti-Islam

Comme nous venons de le voir, les principales revendications de l’islamisme sont rejetées par les Textes. L’islamisme est le fruit malheureux d’une rupture idéologique et théologique d’un certain nombre de dignitaires musulmans avec l’Islam Traditionnel, dont nous disons qu’il est le seul, dans toute sa diversité, à être légitime.

Disons-le très clairement : l’islamisme est un anti-Islam au service des réseaux de domination. Si l’islamisme a pris racine et vu le jour, de manière marginale, dans les cœurs malades de certains auteurs, il n’a pu attirer dans son sillage les foules ignorantes et passionnées que par l’assistance d’éléments extérieurs agissants pour leurs propres intérêts, car dans un contexte fidèlement musulman, l’islamisme aurait dû disparaître et tomber dans l’oubli.

De nombreux enquêteurs ont ainsi mis en évidence, dans les dossiers syriens, libyens, ou irakiens, les collusions entre mouvements jihadistes et milieux atlantico-sionistes, dans une convergence d’intérêts évidente : l’islamisme est un outil par lequel le sionisme et la finance internationale manipulent les idiots utiles, d’orient et d’occident, au service du grand capital et de l’idéologie sioniste.

 

Symptomatique des enjeux actuels 

Bien entendu, nous condamnons le comportement irresponsable et déraisonné de nombreux jeunes désœuvrés qui, plutôt que de suivre avec patience la voie de la Sagesse, empruntent le chemin satanique de la passion. Nous les invitons à revenir à la Vérité, comme dans le verset : « Ô croyants ! Rangez-vous tous sous la bannière de l’Islam ! Gardez-vous de suivre les traces de Satan ! Il est pour vous un ennemi déclaré. » (sourate 2 verset 208). Nous les invitons également à laisser de côté internet et YouTube : la Connaissance ne s’acquiert pas dans les livres ou dans des écrits, mais auprès des Sages légitimes et autorisés qui peuvent justifier d’une filiation de maître à élève dans l’enseignement de leur savoir.

Les preuves théologiques sont suffisamment claires pour tout chercheur sincère qui souhaiterait revenir à la raison. Nous venons d’en voir quelques-unes, mais nous regrettons que l’hérésie wahhabite et le réformisme dérapant initié par les Frères Musulmans ne soient pas condamnés avec plus de vigueur dans les institutions islamiques de notre pays, alors même qu’elles sont à l’origine de tous ces mouvements jihadistes ou islamistes.

Cependant, un fait récurrent interpelle de nombreux observateurs attentifs des médias et du monde politique : l’Islam est très clairement différent de l’islamisme ; or de nombreux éléments entretiennent sciemment la confusion entre Islam et islamisme.

Si pour quelques « experts » qui fanfaronnent sur les plateaux TV, cet amalgame est à mettre sur le compte de l’ignorance et de leur incompétence, pour beaucoup d’autres en revanche, la manipulation est volontaire et résulte le plus souvent de considérations idéologiques, voire même pathologiques.

Le fait est que l’Islam, lorsqu’il est bien compris et bien transmis, constitue un contre-pouvoir, au même titre que le Christianisme, face à la domination destructrice de la finance, elle-même au service de motivations bien souvent messianiques et eschatologiques. Nous rappelons par ailleurs que l’islamophobie n’est qu’une christianophobie de substitution, et que ce qui est rejeté par le système n’est pas la Foi monothéiste en elle-même, mais le fait que la pratique de l’Islam, comme celle du Christianisme, est incompatible avec la société de consommation, et avec la soumission des consciences à la domination du sionisme, de la finance internationale, et de l’extrême droite LGBT.

Finalement, cette confusion entretenue entre Islam et islamisme est un marqueur important de la soumission des médias, des milieux universitaires, et du monde politique, au grand capital, au talmudo-sionisme, et aux lobbies LGBT. Nous espérons donc que nos frères en Islam prendront conscience de l’enjeu qu’ils représentent et de la nécessité pour les musulmans de développer une conscience nationale et patriote, afin de ne plus laisser des orateurs malveillants parler à leur place, et de prendre part, avec nos frères chrétiens, au destin de notre pays, en vue d’accomplir la mission qui est celle de chaque croyant : mettre à disposition d’autrui les valeurs et le savoir de la Sagesse.

 

Gloire à Dieu, et vive la France !

 

1 Commentaire(s)

  • ZZZ
    Répondre 

    ZZZ

    Dimanche 21 décembre 2014 à 18h50

    Bravo Monsieur,vous avez tout dit.

Poster un commentaire