Évangile selon Thomas : commentaire du logion 1

Logion 1 :

1 Et il a dit :
2 « Celui qui trouvera l’interprétation de ces paroles
3 ne goûtera pas de la mort. »

 

Commentaire :

Louange à Dieu, Seigneur des mondes !

La Sagesse réalisée, celle qui s’enracine dans les cœurs et qui se traduit dans les actes, n’est pas le résultat d’une démarche intellectuelle, ni d’une quelconque dialectique, mais du cheminement du fidèle en vue de parfaire ses sens, communs et subtils, afin d’être apte à recevoir le discours de la Sagesse, et de la vivre, comme dans le verset « Que ne parcourent-ils la Terre pour acquérir des cœurs aptes à comprendre et des oreilles aptes à entendre ? En vérité, ce ne sont pas les yeux qui se trouvent atteints de cécité, mais ce sont les cœurs qui battent dans les poitrines qui s’aveuglent. » (sourate 22 verset 46).

En effet, la Sagesse ne se comprend pas par les sens de l’intellect, comme le font les débutants ou les philosophes, mais par la mécanique d’un cœur en résonance avec la Vérité : « C’est Lui qui t’a révélé le Livre contenant des versets à la fois clairs et précis, qui en constituent la base même, ainsi que d’autres versets susceptibles d’être différemment interprétés. Et c’est à ces derniers versets que les sceptiques, avides de discorde, prêtent des interprétations tendancieuses, alors que nul autre que Dieu n’en connaît la signification exacte. Quant aux vrais initiés, ils se contentent de dire : “Nous croyons en ce Livre, car tout ce qu’il renferme vient de notre Seigneur.” Ainsi, seuls sont enclins à méditer ceux qui sont doués d’intelligence. » (sourate 3 verset 7). L’intellect n’est pour la Sagesse que le support matériel visant à rendre intelligible le discours de la Sagesse dans la dimension terrestre de l’existence.

« Celui qui trouvera l’interprétation de ces paroles », donc, désigne celui qui chemine dans la voie de la Vérité, auprès des maîtres de la Sagesse.

Il existe deux types de mort : la mort terrestre, qui désigne la disparition de l’enveloppe corporelle et charnelle du fidèle, et la mort de l’âme, lorsque l’itinérant est directement confronté à la manifestation de la Vérité, loué soit-Il, sans que les interférences de l’ego ne viennent parasiter sa proximité avec le Très-Haut, exalté soit-Il. La première mort est un message de Vérité qui s’adresse à tous, et nul ne pourra s’y soustraire. Quant à la seconde, elle peut être le résultat d’un cheminement, ou du destin inéluctable qui se présente à l’individu au moment de sa mort, lorsque la Vérité éternelle de toute chose se dévoile à lui.

Pour beaucoup d’entre les fils de Adam, paix soit sur lui, la mort de l’âme et celle du corps se confondent l’une dans l’autre. L’enjeu est alors d’une profonde intensité, le fidèle se retrouvant face à ses œuvres, à ses doutes, et à la réalité de ses convictions : « Toute âme goûtera la mort, mais vous ne recevrez votre totale rétribution que le Jour de la Résurrection. Quiconque échappera alors à l’Enfer et entrera au Paradis aura trouvé la félicité. En vérité, la vie d’ici-bas n’est faite que de plaisirs éphémères. » (sourate3 verset 185).

Pour d’autres, la mort de l’âme est déjà effective, fruit de la Réalisation. Le fidèle continue alors de vivre les enjeux de la condition charnelle dans les conditions de la proximité de Dieu, loué soit-Il, et du dévoilement. La mort terrestre devient alors métaphorique, et la mort de l’âme une réalité concrète, à l’inverse de ceux qui cheminent et pour lesquels le matériel est la réalité concrète et la réalité spirituelle relevant de l’abstrait et de l’effort perpétuel.

Ainsi, « ne goûtera pas de la mort » désigne celui qui y a déjà goûté. C’est d’ailleurs ce à quoi les Textes invitent le fidèle : « Ô croyants ! Cherchez du réconfort dans la patience et la Prière ! Dieu est, en vérité, avec ceux qui savent s’armer de patience. Ne dites pas de ceux qui sont tombés dans le sentier de Dieu qu’ils sont morts, car ils sont bien vivants, mais vous n’en avez pas conscience. » (sourate 2 versets 153 et 154).

Ce logion veut donc dire : celui qui trouve la proximité de Dieu, et Sa satisfaction, est véritablement vivant ; quant à celui qui n’a pas atteint ce stade, il est un cœur mort dans un corps qui le voile. Et Dieu dit : « L’aveugle ne saurait être assimilé à celui qui voit, pas plus que les ténèbres à la lumière, ni l’ombre fraîche à la chaleur ardente, ni les vivants aux morts ! Dieu permet à qui Il veut d’entendre, mais toi tu ne peux faire entendre ceux qui sont dans les cimetières, et tu n’as d’autre mission que d’avertir. » (sourate 35 versets 19 à 23).

Ô Seigneur, guide-nous dans le chemin des sages et des pieux, vivifie nos cœurs de Ta Vérité Sublime, et préserve-nous des penchants de notre âme et du complot de Satan. C’est Toi le puissant, le Sages.

 

Que Tu sois loué et glorifié !

 

2 Commentaire(s)

  • havvah
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    havvah

    Lundi 06 octobre 2014 à 23h28

    Excellent choix Remy, l evangile selon Thomas est peut etre celui qui se rapproche le plus des "enseignements" de Jesus!


     

    • Rémy Savin
      Répondre 

      Rémy Savin

      Mardi 07 octobre 2014 à 00h59

      Content que ce choix te plaise ^^


      Nous pensons, comme toi, que l'Evangile de Thomas reflète assez bien l'enseignement de Jésus, paix soit sur lui, en étant à la fois accessible et profond.


       

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