Le terme « salafi » pour désigner le mouvement wahhabite

 

Question :

À notre connaissance, les maîtres spirituels n’utilisent pas les dénominations de salafites, salafisme ou salafo-wahhabisme pour désigner certains courants se réclamant de l’Islam. Serait-ce parce qu’il est faux, ou peut-être même blasphématoire, de les rattacher aux véritables « Salafs » ? Avez-vous un avis sur le sujet ?

 

Réponse :

Au Nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux.

Le mot « salafi », dans son acception contemporaine, est un néologisme employé par les wahhabites pour parler d’eux-mêmes, destiné à flouter l’illégitimité de leur mouvement, son absence de filiation authentique, et la dissidence de cette secte vis-à-vis du sunnisme traditionnel. Il est vrai que les premiers théologiens confrontés à cette hérésie ont employé le terme de « wahhabisme ». À titre d’exemple, on peut citer l’imam Dahlan, moufti shafi`ite de la Mecque (mort en 1886), qui a rédigé un ouvrage intitulé « La discorde du wahhabisme » (Fitna al Wahhabiyya). Le terme « wahhabite » fait référence à Muhammad Ibn AbdalWahhab, prêcheur du 18ième siècle, qui a dynamisé cette pensée réformatrice de l’Islam, dont les origines idéologiques remontent principalement, dans leur forme structurée, à Ibn Taymiyya (mort en 1328) et ses suiveurs. Cette manière de faire est une coutume dans ce genre de cas. À titre d’exemple, l’école malikite fait référence à l’Imam Mâlik, théoricien et méthodologiste de la jurisprudence islamique, ou encore, la voie shadhilite, méthode d’enseignement de la spiritualité musulmane, fait référence à l’imam Shadhili.

L’artifice que les wahhabites emploient pour justifier leur usage du mot « salafi » consiste à dire qu’ils suivent l’Islam selon la compréhension du « salaf », qui est un terme désignant les trois premières générations de musulmans. Or, le sunnisme traditionnel s’appuie lui-même sur la compréhension des gens du salaf puisqu’il en utilise les outils, par des chaînes de transmission légitimes et authentiques qu’il est le seul à détenir. Entre autres : les quatre écoles jurisprudentielles, la dialectique théologique ash`arite, et les méthodologies d’enseignement spirituel de filiation authentique. Le mouvement wahhabite, quant à lui, est réformateur, tant du point de vue de la Foi, de la Loi, que de la Spiritualité. Il est par ailleurs bien en peine pour fournir les mêmes gages d’authenticité.

Certains orateurs wahhabites, au discours édulcoré, emploient le terme « salafi » pour se distinguer du takfirisme et du jihadisme des coupeurs de tête, qui ne sont rien d’autre que le wahhabisme appliqué dans son entièreté. Là encore, la supercherie peut tromper, chez nous en France, les débutants ou les fidèles fraichement convertis, mais dans les pays où la culture de l’Islam est plus enracinée, le subterfuge ne trompe pas grand monde.

Un autre moyen sémantique est employé par certains wahhabites pour esquiver le passif sanglant et hérétique de la pensée wahhabite. Il s’agit de dire que le wahhabisme serait en fait UN salafisme parmi d’autres, mais qu’il n’est pas LE salafisme. Or, les sages de la oumma n’emploient le terme de wahhabisme que pour désigner ce mouvement en tant que système de pensée appuyé par le pouvoir matériel et politique, et pas pour une distinction idéologique qui le différencierait de ses racines. En réalité, le wahhabisme (ou salafisme) trouve son origine dès les premiers siècles de l’hégire, auprès de groupes marginaux sectaires et criminels. Il n’y a aucune rupture en terme doctrinal entre les khawarij assassins du temps des premières discordes et les wahhabites/salafis d’aujourd’hui. La seule différence, c’est que de nos jours, ce mouvement est constitué en institution dans un pays, l’Arabie Saoudite, et à moindre mesure au Qatar également, est qu’il est soutenu massivement par les maudits pétrodollars saoudiens et étatsuniens. A l’inverse, le sunnisme traditionnel ne dispose d’aucun moyen de masse pour diffuser son outillage méthodologique.

Pour en savoir plus sur la genèse du wahhabisme, je vous invite à consulter ce lien :
http://www.at-tawhid.net/article-le-salafisme-wahhabisme-as-salafiyyah-al-wahhabiyyah-az-zahawi-86894544.html

Et celui-ci :
http://www.doctrine-malikite.fr/Histoire-du-Wahhabisme-les-anti-doctrinaux_a78.html

L’emploi du terme salafi, d’un point de vue traditionnel, est donc sans fondement aucun, fallacieux, et destiné uniquement à tromper les foules. Les sages du passé ont effectivement employé le terme de « wahhabisme », pour la raison évoquée plus haut. Les sages contemporains continuent de le faire, mais ils emploient également le mot « salafi » par souci de commodité et de clarté, lorsqu’ils doivent traiter ce sujet face à un public qui ne maîtrise pas encore les subtilités de la science islamique, et dont les principales références méthodologiques sont les expressions de la vie quotidienne contemporaine.

 

Fraternellement.

 

 

3 Commentaire(s)

  • bano27
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    bano27

    Vendredi 11 mai 2018 à 12h36

    Salem , je vous conseille de découvrir le patrimoine du Vertueux Cheikh Ahmadou Bamba qu'Allah le
    gré .

    • Al Machichi
      Répondre 

      Al Machichi

      Mercredi 16 mai 2018 à 00h33

      Shaykh Ahmad Bamba, surnommé aussi Khadimou Rassoul, ou encore Serigne Touba (le Serviteur du prophète est un grand homme de Dieu connu par l'équipe d'Ame Horizon, à l'instar d'autres grands hommes de Dieu qui ont lutté contre la colonisation et contre le Nouvel Ordre Mondial antéchristique (Dajjalite). Il s'agit d'une des plus grandes figures du Sénégal. Les récits hagiographiques sont très connus et facilement trouvable sur internet. Nous pensons que malheureusement les hommes ont été voilés par les charismes avérés de ce Saint homme au détriment d'une analyse de sa vie de son oeuvre de ses citations à travers le prisme de l'Ihsan et le prisme du quatrième pilier qui est la science de l'Heure.
      Un commentaire ou un poste facebook ne sont pas de bon support pour traiter le sujet d'une manière complète.
      Cet homme est venu au monde pendant une période de colonisation du Sénégal. Il a ainsi décidé de répondre à la violence par l'appel à Dieu et la science. Il a crée plusieurs villages dont celui de Touba (du nom d'un arbre sacré du paradis), afin de recréer une société saine sur le modèle prophétique. Il agissait avec sagesse pour instaurer la grande prière (Iqamat Salât), car il savait pertinemment que c'était la seule et la vraie manière de se battre contre la colonisation. Créer une société juste, basée sur la prière et le respect des droits divins, était une des réponses les plus efficaces pour contrer les injustices, les innovations et repousser l'ennemi colonisateur. Ne cherchant pas l'agrément des gens mais juste à s'acquitter de ses devoir à savoir instaurer As Salat, son autorité s'est vue renforcée par Dieu et il exerça rapidement une grande influence au sein de la population qui vint de toute part. Cet homme inquiétât rapidement les puissances coloniales, car il représentait un danger. En effet il pronaît les valeurs, de travail de servitude de discipline,qui mèneraient les sénégalais à se libérer. Il n'appelât jamais au combat armé car il s'était rendu compte que le retard technologique était trop important pour appeler au soulèvement armé. Il dit à cet effet « Vous m’avez déporté alléguant que je suis un adorateur du Seigneur doublé d’un djihadiste. Vous avez certes raison car je mène le djihad pour l’amour de Dieu. Mais mon djihad se fait à travers les sciences et la piété, en ma qualité d’esclave de Dieu et de serviteur de son Prophète ; et Allah qui régente toute chose en est témoin. ( …) Si mes ennemis possèdent des armes pour lesquelles ils sont redoutés, mes armes quant à moi, sont le Coran et les hadiths du Prophète (PSL) et c’est ainsi que je mène le djihad »
      La maçonnerie française voulait non seulement coloniser économiquement et territorialement les Sénégalais mais aussi les coloniser culturellement en essayant d'implanter la pensée Dajjalite, Il avait même d'ailleurs prévu certains événements du au délaissement de la société traditionnelle et des valeurs ancestrales par ce propos si juste et si criant de vérité voilà ses propos: « tôt ou tard, l’occupation partira un jour et qu’après son départ, la terre continuera toujours à fournir des richesses dont nous pourront profiter librement. Mais si par malheur, l’envahisseur réussissait à coloniser nos esprits et nos cœurs, ce sera alors nous-mêmes qui nous précipiterions chez lui, même après son départ, pour lui apporter nos richesses sur un plateau d’argent ».

      Il chercha aussi la véritable convergence avec les véritables gens du Livre, les Chrétiens paisibles et pratiquants. Il écrivit d'ailleurs un poème pour louer notre mère Marie disant « Félicité à toi Marie, réceptacle de la Pureté, Tu es au-dessus de tous les chastes, Tu es au-dessus d’elles devant Dieu (…). Par toi, tous les humains auront la félicité, et je jure par Dieu que tu n’es pas au nombre des associateurs." Ce poème est lourd de sens et peu de personnes ont réellement compris qu'à travers cet éloge il traitait de la figure christique, plus particulièrement le passage 'par toi tous les humains auront la félicité". En effet à travers ce vers il nous signifie figure Christique est donc l’autorité de référence en matière de restauration de la Norme, de résistance à l’Empire de l’Antéchrist.

      Pour le combattre les autorités Dajjalites l'ont exilé, il passa 33 ans de sa vie entre captivité et exil dans des conditions inhumaines.

      Que Dieu nous fasse bénéficier de ses secrets et de sa science.

      L'équipe Ame Horizon

    • Fayrouz
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      Fayrouz

      Jeudi 17 mai 2018 à 20h23

      Merci pour cette très intéressante réponse apportée au sujet de Shaykh Ahmad Bamba.
      Au delà du cas particulier de cet homme, peut-être qu'il serait utile d'étudier les comportements, actions, réactions, positionnements... des maîtres spirituels ayant eu à "cohabiter" avec les forces coloniales? En effet, ils ont eu eux aussi à connaitre une période qui est une sorte "d'anomalie" dans la mesure oú ils vivaient, qui plus est en terre historiquement musulmane, sous le contrôle de personnes venues les "civiliser" en cherchant à les détacher de leur religion, culture, mode de pensée.

      Sans aller jusqu'à considérer que les musulmans en France (et plus généralement les croyants) ont à connaitre le même type "d'anomalie" dans un Etat où les partisans d'une laïcité aveugle veulent mettre à néant le fait religieux (et sans considérer non plus que les mêmes causes produisent forcément les mêmes effets), peut-être qu'il serait possible de tirer quelques enseignements en étudiant les maitres spirituels de l'époque coloniale? Une étude des maîtres qui porteraient non seulement sur les aspects les plus spirituels, comme cela est mis en avant dans le texte de la réponse, mais aussi sur des considérations liées à la vie quotidienne dans les relations à l'autorité étatique. On sait par exemple que le cheikh Al Alawi a participé à l'inauguration de la mosquée de Paris, financée par l'Etat français et en présence des autorités françaises, idem des rapports de l'Emir avec les forces françaises. Autrement dit, il pourrait (peut-être!) être utile de tirer des enseignements à partir des positionnements qu'ils ont eus à adopter dans leur quotidien dans leur rapport à "l'anomalie" alors qu'ils avaient conscience plus que tout le monde sans doute des enjeux qui se jouaient pour parvenir à une destabilisation spirituelle.

      Comme indiqué plus haut, il ne s'agit pas de faire un mimétisme ou de ne se fonder que sur un raisonnement par analogie, mais il me semble que bien des situations qui concernent les croyants en France aujourdh'hui sont non pas analogues mais tout du moins comparables à certaines situations de l'époque de l'autre côté de la mer. Juste un exemple parmi tant d'autres: un imam ou un responsable religieux qui n'invite pas le maire et le préfet à l'inauguration d'une mosquée pourrait être considéré par certains comme un individu manquant de savoir vivre voir comme un "radical". A contrario, s'il invite les autorités et se laisse prendre en photo avec elles pour couper le ruban, il pourrait être considéré par d'autres comme étant au mieux un inconscient au pire un agent du mal. Le questionnement vaut pour le rapport à l'autorité étatique, mais il pourrait concerner le rapport aux colons (voisins), à la justice, aux entreprises tenues par les colons...

      Très bon ramadan et le grand salam à toute l'équipe!

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