Patriotisme, la Tradition au service du quotidien

Dans un contexte fragile marqué par la dégradation progressive des fondements de la Civilisation, la nation apparaît comme un rempart et une solution face à la destruction programmée de la conscience Traditionnelle. Cet article a pour vocation de rappeler sommairement les principes Traditionnels de la nation ainsi que les perspectives de réhabilitation qu’ils présentent et qui justifient notre position et notre espoir.

Point de fixation entre la nature terrestre de l’humanité et sa dimension intérieure, le contexte national est une prescription révélée : « Ô hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous vous avons répartis en nations et en tribus, pour que vous fassiez connaissance entre vous. En vérité, le plus méritant d’entre vous auprès de Dieu est le plus pieux. Dieu est Omniscient et bien Informé. (s49v13) ».

Au départ l’Humanité était une et unifiée, ne souffrant d’aucune distinction, si ce n’est celle qu’implique la complémentarité entre l’homme et la femme : « Ô hommes ! Craignez votre Seigneur qui vous a créés d’un seul être et qui, ayant tiré de celui-ci son épouse, fit naître de ce couple tant d’êtres humains, hommes et femmes ! Craignez Dieu au nom duquel vous vous demandez mutuellement assistance ! Respectez les liens du sang. En vérité, Dieu vous observe en permanence. (s4v1) ». Ceci, parce que Dieu a voulu missionner un représentant sur Terre, pour montrer au reste de la Création la perfection de Ses Attributs, loué soit-Il : « Puis vint le jour où ton Seigneur dit aux anges : “Je vais installer un représentant (khalîfa) sur la Terre.” Et les anges de repartir : “Vas-Tu établir quelqu’un qui y fera régner le mal et y répandra le sang, alors que nous chantons Ta gloire et célébrons Tes louanges ?” Le Seigneur leur répondit : “Ce que Je sais dépasse votre entendement.”. Et Il apprit à Adam tous les noms, puis les présenta aux anges en leur disant : " Faites-Moi connaître les noms de tous ces êtres, pour prouver que vous êtes plus méritants qu’Adam ! ". Et les anges de dire : " Gloire à Toi ! Nous ne savons rien d’autre que ce que Tu nous as enseigné, Tu es, en vérité, l’Omniscient, le Sage." (s2v30-32) ».

Cependant : « Les hommes ne formaient, à l’origine, qu’une seule communauté. Dieu leur envoya les prophètes pour annoncer la bonne nouvelle et lancer un avertissement, de même qu’Il a fait descendre avec eux le Livre renfermant la Vérité afin d’arbitrer les différends qui opposent les hommes. Or, ce sont ceux-là mêmes qui avaient reçu le Message qui entrèrent en désaccord à son sujet, en dépit des preuves évidentes qui leur furent apportées, et ce, par pur esprit de rivalité. Puis Dieu, dans Sa sollicitude, voulut bien guider les croyants vers cette part de vérité sur laquelle justement les autres disputaient, car Dieu dirige qui Il veut dans le droit chemin. (s2v213) ».

Il semble donc que la forme originelle de la communauté des Hommes, un groupe unique et unifié, se soit disloquée dans les ténèbres de la discorde, rompant ainsi avec la vérité première de la nature humaine. Or, comme bien souvent, le Divin met en avant Sa perfection et Sa Vérité par la faiblesse de la créature, de sorte qu’il en soit une Sagesse pour l’univers : « Dieu n’entend vous imposer aucune gêne, Il veut seulement vous purifier et parachever Ses bienfaits envers vous. Peut-être Lui en serez-vous reconnaissants (s5v6) ».

Ainsi nous disons qu’en réalité la diversité, de même que l’altérité, est une nature primordiale de l’être humain vers laquelle il a été guidé par la Bienveillance de Dieu, de sorte qu’elle soit un enseignement pour lui et sa descendance. Elle est une preuve vivante de la Vérité de Dieu, car seul Dieu se suffit à Lui seul, qu’Il soit loué et glorifié, dans une Unicité à travers laquelle Sa Vérité transcende toute chose. Pour la créature, c’est différent. Celle-ci est dépendante de sa condition terrestre et des bienfaits que Dieu lui octroie, et parmi eux, le fait que les créatures puissent se prêter assistance mutuelle, en fonction des aptitudes des uns et des autres, formant ainsi une unicité dans la diversité de la Création, qui est à la fois une école de Son Unicité Divine, loué soit-Il, une preuve de celle-ci, et un moyen de faire la louange de Sa Vérité. La diversité des nations et des tribus est donc un épanouissement pour les Hommes, et une condition voulue par Dieu, afin d’instaurer les modalités d’une plus grande proximité entre l’humanité et le Divin. La Révélation précise le contexte de cette proximité en ces termes : « C’est Lui qui a créé les Cieux et la Terre en six jours, alors que Son Trône reposait sur l’eau, pour vous mettre à l’épreuve et reconnaître ceux d’entre vous qui agiraient le mieux. (s11v7) ».

 

De fait, au regard de la Tradition, la nation est le lieu dans lequel un ensemble de groupes humains décident de partager un destin commun autour d’affinités et de vocations qui vont bien au-delà de la simple question ethnique. Voilà pourquoi la Révélation distingue la nation de l’ethnie : « Nous vous avons répartis en nations et en tribus, pour que vous fassiez connaissance entre vous. (s49v13) ». La nation ainsi constituée met son panel de sensibilités au service des autres peuples, prenant part, plus largement, au destin de l’humanité tout entière cette fois-ci : « A chacun une orientation vers laquelle il se tourne. Rivalisez donc dans les bonnes œuvres. Où que vous soyez, Dieu vous ramènera tous vers Lui, car Dieu est certes Omnipotent.(s2v148) ».

Le rassemblement national est un engagement astreignant pour chacun de ses participants, créant ainsi les premiers éléments d’une paix civile. La Révélation ordonne un respect formel du pacte ainsi établi, qu’il soit de circonstance, ou hérité : « Soyez fidèles à vos engagements, car vous aurez à en rendre compte. (s17v34) ». Cet engagement, par ailleurs, définit des liens d’intimité et d’allégeance qui ont priorité sur d’autres : « S’ils sollicitent votre aide au nom de la religion, vous devez la leur donner, à moins qu’elle ne soit dirigée contre un peuple auquel un pacte vous lie. Dieu voit parfaitement ce que vous faites. (s8v72) ». D’autant plus que « Dieu ne vous défend pas d’être bons et équitables envers ceux qui ne vous attaquent pas à cause de votre religion et qui ne vous expulsent pas de vos foyers. Dieu aime ceux qui sont équitables. (s60v8) ».

La définition Traditionnelle de la nation n’est donc ni strictement ethnique, ni strictement religieuse, plutôt, elle est une affaire de valeurs partagées en bonne intelligence : « Dis : “Ô gens des Écritures ! Mettons-nous d’accord sur une formule valable pour nous et pour vous, à savoir de n’adorer que Dieu Seul, de ne rien Lui associer et de ne pas nous prendre les uns les autres pour des maîtres en dehors de Dieu.” S’ils s’y refusent, dites-leur : “Soyez témoins que, en ce qui nous concerne, notre soumission à Dieu est totale et entière.” (s3v64) ». En effet, la Révélation coranique ne considère pas la religion musulmane en rupture avec les religions précédente, mais plutôt, « Ce Coran n’est nullement une œuvre apocryphe conçue en dehors de Dieu, mais il vient confirmer les révélations qui l’ont précédé et constituer un clair exposé du Livre émanant, à n’en point douter, du Maître de l’Univers ! (s10v37) ». Il devient donc parfaitement réalisable pour la communauté nationale de vivre en bonne intelligence autour de valeurs qui font la mémoire de l’humanité, telles que l’honnêteté, la pudeur, la famille, la solidarité. Le Livre Saint invite donc, au-delà des différences en matière de religion, à tisser un lien philosophique et spirituel commun, qui vient parfaire la fraternité en patrie.

La nation a pour fonction d’assurer la transmission et la pérennité des valeurs universelles, comme dans l’invocation « Seigneur ! Fais de nous des croyants entièrement soumis à Ta volonté, et de notre postérité, un peuple également soumis à Tes lois ! Fais-nous connaître les rites que nous devons observer et accepte notre repentir, car Tu es le Miséricordieux, Tu es le Clément !(s2v128) ».

Une philosophie de vie authentique et bien comprise, de part et d’autre de la société, permet de faire disparaître les appréhensions, au-delà des différences, et de mettre en perspective des éléments communs pour un projet de société à long terme. L’invitation à la vie spirituelle est une chose, et la compréhension mutuelle, une autre. Dieu fixe un cadre très clair pour que ces deux domaines ne rentrent pas en contradiction : « Et si ton Seigneur l’avait voulu, tous les hommes peuplant la Terre auraient, sans exception, embrassé Sa foi ! Est-ce à toi de contraindre les hommes à devenir croyants ? (s10v99) ». En effet, Dieu précise « Point de contrainte en religion maintenant que la Vérité se distingue nettement de l’erreur. Désormais, celui qui renie les fausses divinités pour vouer sa foi au Seigneur aura saisi l’anse la plus solide, sans crainte de rupture. Dieu est Audient et Omniscient. (s2v256) ». Ce qui compte, c’est que les principes de la vie spirituelle et Traditionnelle soient rendus intelligibles à ceux qui désirent s’y intéresser, en toute liberté.

 

La Tradition oriente les cœurs vers la paix sociale et la cohésion entre les différentes facettes de la communauté nationale, « Dis encore : “Mon Seigneur a interdit seulement les turpitudes apparentes ou occultes, le mal et toute violence injustifiée, de même qu’Il a interdit de Lui prêter des associés qu’Il n’a jamais accrédités et de dire de Lui des choses dont vous n’avez aucune connaissance.” (s7v33) ». Le Livre Saint met également en garde contre tout comportement social qui trouve son inspiration ailleurs que dans le juste milieu et dans l’équilibre, à fortiori si celui-ci porte atteinte à la bonne entente collective : « Ô vous qui croyez ! Soyez fermes dans l’accomplissement de vos devoirs envers Dieu, et impartiaux quand vous êtes appelés à témoigner ! Que l’aversion que vous ressentez pour certaines personnes ne vous incite pas à commettre des injustices ! Soyez équitables, vous n’en serez que plus proches de la piété ! Craignez Dieu ! Dieu est si bien Informé de ce que vous faites. (s5v8) ».

Pour la Révélation, la nation n’est donc pas uniquement une question du vivre ensemble. C’est aussi la mise en pratique de valeurs authentiques qui définissent la fidélité envers la patrie et l’intérêt supérieur de la nation : « En vérité, Dieu ordonne l’équité, la charité et la libéralité envers les proches, et Il interdit la turpitude, les actes répréhensibles et la tyrannie. Dieu vous exhorte ainsi pour vous amener à réfléchir. Soyez fidèles à vos engagements envers Dieu après les avoir contractés. Ne violez pas les serments que vous avez solennellement prêtés, après avoir pris Dieu comme garant de votre sincérité, car Dieu sait tout ce que vous faites ! Ne faites pas comme cette femme qui défaisait la laine qu’elle avait soigneusement filée, en faisant de vos serments un moyen de vous tromper les uns les autres, sous prétexte que tel groupe est plus puissant que tel autre. Dieu ne fait que vous mettre à l’épreuve ici-bas, mais, le Jour de la Résurrection, Il vous indiquera clairement les vraies raisons de vos divergences. (s16v90-92) ».

Cette unicité dans la diversité, à travers la bonne entente et le socle de sensibilités communes, est une exaltation de l’Unicité de Dieu, et une preuve de Sa Vérité : « C’est aussi un de Ses signes de vous avoir créés de poussière et fait de vous ensuite des êtres humains répandus sur la Terre. (S30v20) ». Aussi, au regard de la Tradition, trahir l’unité nationale est une ignominie : « Ne suivez pas l’exemple de ceux qui, après avoir reçu les preuves, se sont divisés et se sont opposés les uns aux autres. À ceux-là est réservé un châtiment exemplaire. (s3v105) », et « Dieu n’aime point les traîtres. (s8v58) ». Ces gens-là sont parmi les pires souillures de l’humanité : « As-tu songé à ceux qui troquent les bienfaits de Dieu contre l’ingratitude et qui causent la perte de leurs peuples en les exposant aux flammes ardentes de l’Enfer ? Et combien horrible sera leur séjour ! (s14v28-29) ».

Voilà pourquoi les dirigeants d’une nation doivent au minimum êtres des gens intègres et sincères : « Suivez ceux qui ne vous réclament aucun salaire et qui sont sur le droit chemin ! (s36v21) ». Ceci, parce que la fonction première de la nation est de guider le peuple vers la sérénité durable et primordiale : « Fais sortir ton peuple des ténèbres vers la Lumière, et rappelle-leur les journées du Seigneur ! (s14v5) ». La nation véritable protège le peuple, et élève sa conscience.

 

Par ailleurs, un peuple a les dirigeants qu’il mérite, et doit rester dans les sentiers sacrés de la Sagesse s’il veut profiter de la bénédiction de Dieu : « En vérité, Dieu ne modifie point l’état d’un peuple tant que les hommes qui le composent n’auront pas modifié ce qui est en eux-mêmes. (s13v11) », ou encore « C’est que, en effet, Dieu ne modifie en rien les bienfaits dont Il gratifie un peuple qu’autant que ce peuple modifie lui-même son comportement, car Dieu est Audient et Omniscient. (s8v53) ».

Tandis que certains voient d’un mauvais œil l’installation de l’Islam dans la réalité sociale de notre pays, nous voyons là, bien au contraire, la marque de l’Amour de Dieu envers la France, bien que cette sensibilité supplémentaire nécessite un effort d’enracinement intelligent et soutenu. En effet, Dieu dit : « Vous voici appelés à effectuer des dépenses pour la Cause de Dieu. Certains parmi vous se montreront avares, mais celui qui est avare l’est à son propre détriment, car Dieu Se suffit à Lui-même et c’est vous qui êtes les indigents. Si vous vous dérobez, Dieu fera appel, pour vous remplacer, à un autre peuple qui ne vous ressemblera nullement. (s47v38) ». L’Islam fait partie de l’histoire de France, et la religion musulmane interroge aujourd’hui, comme d’autres sensibilités spirituelles, les valeurs profondes et véritables de la France authentique, qui ont permis l’apogée de la civilisation française.

Par ailleurs, Dieu dit : « Quiconque suit le droit chemin le suit dans son propre intérêt et quiconque s’égare ne s’égare qu’à son propre détriment. Nul n’aura à assumer les péchés d’autrui. Nous n’avons jamais sévi contre un peuple, avant de lui avoir envoyé un messager. (s17v15) ». En effet, nous pensons qu’il est primordial de revenir aux sensibilités de la filiation spirituelle, dans la gestion des affaires quotidiennes et terrestres. Ceci est le ciment et la nature de toute civilisation, et à fortiori celui du peuple de France, fille aînée de l’Église. Pour autant, comme nous l’avons vu, la prescription divine réside dans la cohésion sociale et la compréhension mutuelle des différentes composantes de la nation, en bonne intelligence. Plus exactement, nous estimons que la présence enracinée de l’Islam offre la possibilité d’une relecture du socle fondamental des valeurs de la France : le monothéisme, le christianisme (premier aboutissement historique et universaliste de la religion de Dieu), et les rois de France. Cette relecture constitue une contribution à la redécouverte de ce qu’est la France, et n’implique ni ne projette, un remplacement quelconque de la nature historique de notre pays, si ce n’est l’obligation morale et spirituelle, pour les musulmans de France, de prendre part au destin du pays. La nation est en effet le lieu où les réalités substantielles et intérieures de l’humanité peuvent prendre forme, se coordonner, mais aussi se transcender, pour contribuer au destin terrestre de l’humanité, et ainsi assurer la pérennité matérielle et morale de la communauté des Hommes.

Certains auteurs rapportent une parole prophétique selon laquelle « l’amour de sa patrie est une partie de la foi ». De nombreux spécialistes ont estimé que la chaîne de transmission de cette parole prophétique paraît faible, mais nous venons de voir que son contenu est néanmoins très largement prouvé par le Livre Saint, dès lors que le sentiment patriotique est vécu dans le cadre prescrit par Dieu. Précisons, à ce propos, que le patriotisme ne réside pas dans le fait de placer la nation au-dessus de tout, mais plutôt, en ce sens que la nation est au service de tous, et que chacun est tenu de contribuer à la cohésion nationale et à la transmission des vérités primordiales de l’humanité. La nation est alors un point de jonction entre l’individu et sa Réalisation intérieure.

Nous sommes fiers d’être Français, nous aimons la France et les Français. De fait, nous détestons ce que certaines minorités agissantes sont en train d’opérer, en trahissant l’âme de la France et la sensibilité historique du peuple de France. Nous rappelons donc, pour l’occasion, notre attachement aux valeurs profondément universelles de la France Éternelle, celles du baptême de Clovis, des rois de France, et du monothéisme, qui font résonner en harmonie le spirituel et le temporel. Nous voyons en ces valeurs un espoir et l’avenir de notre pays.

 

Gloire à Dieu, et vive la France !

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